Nous n’avons plus les moyens de notre ambition assimilationniste
OPINION. L’idéal universaliste est une fierté du modèle français. Mais faute d’élites enracinées et d’une situation économique stable, la France semble aujourd’hui arrivée au bout de sa capacité à assurer son ambition assimilationniste.
Dans un texte récent, L’Assimilation, une ambition française, Bérénice Levet nous rappelle sous quelle forme la France a fait naître et prospérer le principe d’assimilation des populations émigrées qui se destinaient à rejoindre notre pays. La philosophe l’érige, à juste titre, comme primordial dans l’édification du modèle français. Mais la réalité est tout autre : l’assimilation à la française n’a plus les moyens de ses ambitions. Ce principe est en effet une grande chose que la France propose au monde. Cependant, il se heurte aujourd’hui à un réel qui n’a que faire des grands principes.
Comme l’explique fort bien la philosophe, l’assimilation demande aux nouveaux venus de laisser leurs valises, comprenez leurs codes culturels et sociaux, pour se fondre rapidement dans leur nouvelle communauté de destin qu’est la nation française. Si ce sort réservé aux vagues d’immigration a très bien montré ses vertus durant plusieurs moments de notre histoire, l’abandon de ses racines ancestrales ne peut plus se faire sans douleur profonde. L’actuel rejet de l’assimilation à la française est aussi une protection louable face à la nudité économique, sociale et politique qu’elle engendrerait.
Pour accepter d’arracher sa peau anthropologique de naissance, un acte douloureux s’il en est, il faut avoir confiance en l’avenir du pays d’accueil, confiance en sa faculté d’offrir une vie décente. Or, la France depuis quarante ans ne génère plus de force de vie nécessaire à une société, nécessaire à une nation assimilatrice. Le tableau est sombre : chômage de masse, désindustrialisation, perte de souveraineté, perte de sa monnaie, déconstruction de la nation et de l’identité française, tyrannie de la méritocratie, bref, perte de tous ses leviers réels d’assimilation. Dans le même temps, les vagues migratoires successives sont de plus en plus larges et viennent de plus en plus loin. La France n’y arrive plus.
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