Sourire avec les yeux
OPINION. « Ne céder à aucun esprit de terreur », nous disait le président fin octobre. Pourtant c’est bien celui-ci qui aujourd’hui m’effraie le plus pour mes enfants, tant il dicte nos vies. Les djihadistes peuvent remercier le virus d’avoir réussi en quelques mois à réaliser un climat de terreur plus important qu’ils ne l’ont fait en des années !
Nous sommes début Novembre 2020 et mon fils tout juste 1 an est à quatre pattes à mes pieds, petite frimousse blonde et sourire angélique, les yeux pétillants d’une innocente envie de vivre.
Je lui rends son sourire mais intérieurement j’ai plutôt envie de pleurer : « heureusement qu’à ton âge, tu ne comprends pas ce qui se passe ! »
Son sourire reste identique, ce qui me soulage… manifestement, il ne comprend pas ! Las, pour nous adulte ce n’est pas vraiment mieux…
A quelques mètres sa grande sœur joue. Elle a 4 ans et a déjà acquis de réelles facultés de compréhension du monde qui l’entoure. Heureusement. Ou malheureusement. Pour elle, ce n’est pas vraiment mieux. Peut-on comprendre un mode qui déraille ? Car elle aussi a les yeux qui pétillent d’une innocente envie de vivre.
Ce soir, notre Premier ministre va nous annoncer que « nous avons un ennemi lâche et invisible » suite à l’attentat de Nice. Nous étions déjà « en guerre contre un ennemi invisible et insaisissable » d’après notre président huit mois plus tôt. Et ceux-ci étant distincts, nous voici en proie à deux ennemis invisibles ! Variations sur le thème cher à H.G. Wells pour décrire d’une part un homme bien visible et d’autre part un non-homme bien invisible… ou plutôt invisible à l’œil nu… Où l’on s’aperçoit que nos ennemis invisibles se dévoilent…
Nos plus hauts édiles mettent donc sur le même plan sémantique deux menaces tout à fait différentes entre des actes terroristes perpétrés par des hommes ayant une volonté de nuire et un virus certes transmis par l’homme mais un homme qui, lui, n’a aucunement cette volonté. Il est juste vecteur d’un virus qui par une sorte d’anthropomorphisme serait le soldat humanoïde d’un djihad épidémique prêt à nous faire la guerre. Mais quelle guerre ? A-t-on déjà vu un état microbien...