ResponsabilitéCivisme

Sur le chemin de la Responcivilité

La responcivilité, fruit du rapport responsable à soi et du rapport civilisé à l’autre, créera l’espace qui permet aux honnêtes gens de vivre dignement.

/2020/07/respon

Le terme que je vous propose aujourd’hui peut sembler un peu barbare, mais il a vocation à contrecarrer la tyrannie du possible, cette société du XXIe siècle où on répète au citoyen- consommateur que tout ce qui est possible est faisable et dès lors, souhaitable. On fabrique des bébés sur catalogue, on détruit des vies derrière des pseudos, on invente des systèmes de travail toujours plus précaires. Le droit suivra : je le fais puisque j’ai le droit. Et j’ai le droit puisque d’autres l’ont fait ! Confortable et invasive, cette tyrannie du possible.

C’est elle qui fait enfler les Codes civil, pénal et de commerce, qui fait exploser le coût de la vie (car, du possible il faut bien profiter – mais aussi se protéger), elle qui fait bourgeonner un peu partout des panneaux de plus en plus absurdes qui viennent sous-titrer la vie quotidienne. Dans les parcs, on stipule l’âge auquel on peut jouer à tel jeu, dans les manuels d’utilisation de l’électroménager on s’oblige à contrecarrer les usages les plus idiots, dans les transports la liste des interdits annoncée par le chef de bord s’allonge à chaque incident. La tyrannie du possible est un règne administrataire qui n’explique pourtant pas tout, admettons-le humblement : si nos sociétés sont tant contrôlées, c’est aussi parce que les Hommes ne savent plus s’empêcher.

Comme remède à cela, la responcivilité a quelque chose à voir avec la grâce. Simone Weil définissait superbement cette vertu comme le fait de « ne pas exercer tout le pouvoir dont on dispose ». Au vu de l’étendue des droits en 2020 et de la disparition progressive du devoir, il semble que la responcivilité consiste à ne pas exercer tous les droits dont on dispose. En liant dans un seul mot responsabilité et civilité, on rappelle l’interdépendance vitale...

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