Liberté de la presse

Bolloré et Europe 1 : OPA sur la liberté éditoriale

OPINION. Après Canal+ et CNews, Vincent Bolloré s’apprête à mettre la main sur Europe1. Retour sur une stratégie et sur quelques précédents historiques qui représentent, selon l’auteur, un vrai problème démocratique.

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Juillet 2015. Quand Vincent Bolloré prend le contrôle du groupe Canal+, ce n’est pas seulement une page qui se tourne pour la chaîne cryptée mais une véritable révolution qui la verra vite vidée de ce qui faisait son ADN : exit l’humour (suppression des Guignols de l’info), les talk shows tendance (Le Grand journal d’abord aseptisé puis enterré en pleine campagne présidentielle de 2017, sans tambours ni trompettes) ou la prise de risque (terminés les programmes innovants type Bref ou L’Œil du cyclone). Les programmes en clair perdent tout intérêt et leur audience s’effondre, à se demander d’ailleurs s’il ne s’agissait pas là d’une stratégie mûrement réfléchie afin de justifier d’un futur passage au tout crypté. D’un goût déjà amer pour les salariés de Canal+, la vraie machine de guerre enclenchée par Vincent Bolloré prend toute son ampleur en 2016 quand I-Télé, la chaîne d’info du groupe, se voit transformée en CNews. Le but : transformer la chaîne en une sorte de Fox News à la française à l’idéologie droitière clairement marquée. Si l’opération peut paraître grossière, elle a au moins le mérite de la clarté.

Bouygues

Retour en 1987. Cas totalement unique en France et même au monde : pour la première fois, une chaîne de service public (TF1) est privatisée. Quand le groupe Bouygues décroche la timbale, au nom du « mieux disant culturel »(sic) , c’est clairement pour y diffuser l’idéologie chère au gouvernement de cohabitation alors dirigé par Jacques Chirac dont les exemples les plus clairs sont des émissions comme Combien ça coûtede Jean-Pierre Pernaut, clairement poujadiste avec son discours anti impôts, ou Le droit de savoir, magazine d’investigation qui prône le tout sécuritaire. Le remarquable ouvrage de Pierre Péan et Christophe Nick, TF1, un pouvoir (Fayard, 1997) montre et démontre comment la chaîne privée...

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