Paul Conge : « Les actions de Génération identitaire étaient toujours à la lisière de la légalité »
ENTRETIEN. Journaliste à Marianne, Paul Conge est versé dans la question des radicalités politiques. Dans Les Grands-Remplacés (chez Arkhe), il s'est immiscé dans les nouvelles générations de la droite radicale. Voyage avec « les fils spirituels de Renaud Camus, d'Eric Zemmour ou d'Alain Soral ».
Alexis Brunet : Vous n'êtes pas toujours très empathique avec ceux que vous appelez « les Grands-Remplacés »...
Paul Conge : En réalité, je pense faire preuve d’empathie avec certains d’entre eux, même s’il est vrai que ce n'est pas le but de cette enquête. À travers cet ouvrage, j'ai souhaité montrer comment se développe un « soft power » de la droite radicale, qui parvient à infuser dans des milieux dans lesquels on ne l'attend pas forcément. Je ne suis pas non plus de mépris pour ces militants de mouvances que je connais bien. Auparavant, j’ai fréquemment enquêté sur les identitaires ou l'Action Française par exemple.
AB : Avant d'y venir, évoquons l'actualité. L'association Génération identitaire vient d’être dissoute. Peut-elle renaître sous un autre nom ?
PC : Je pense qu'il y a deux possibilités qui se présentent. La première, c'est qu'ils se morcellent en tout un tas de petits mouvements beaucoup plus catégoriels comme l’a fait le Bastion Social après sa dissolution. La seconde, c'est qu'ils fassent comme le CCIF : qu'ils se domicilient à l'étranger afin de pouvoir continuer à recevoir des dons, en s'appuyant sur tout le réseau des antennes des Génération identitaire en Europe. En revanche, je doute qu'il y ait une autre organisation qui devienne une espèce d’ersatz de cette association, car ils se feraient à nouveau dissoudre.
AB : Face à Eric Zemmour, Gérald Darmanin avait dit qu’il avait de bonnes raisons de dissoudre Génération identitaire. Vous qui avez enquêté sur cette association, connaissez-vous ces raisons ?
PC : Concernant cette dissolution, les gouvernements précédents ont voulu se frotter à ce dossier, mais n'ayant pas suffisamment de moyens matériels ou d'actions répréhensibles à leur reprocher, ils n'ont pas réussi. Aujourd'hui, des rapports des services de renseignements ont fait état d'accointances entre des militants identitaires et des militants néonazis, il y a aussi eu...