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Affaire Sarah Halimi : La drogue délivre-t-elle un permis de tuer ?

Commis en avril 2017 à Paris, le meurtre de Sarah Halimi a choqué la France entière. En raison de sa violence extrême, aux insoutenables relents islamistes, mais aussi parce que l'auteur des faits a été déclaré pénalement irresponsable. Noémie Halioua, qui a signé un livre de référence sur l’affaire, fait le point sur ce scandale à tiroirs.

/2021/08/19-halimi

Justice défoncée ? », questionnaient certaines pancartes au cours des rassemblements en mémoire de Sarah Halimi, sauvagement tuée à Paris en avril 2017. Une interrogation opportune quand on se souvient que dans cette affaire, le meurtrier, Kobili Traoré, a été dispensé de procès au motif de la « bouffée délirante aiguë », gonflée par une prise de cannabis, et diagnostiquée par les experts.

Pour comprendre cet épilogue, remontons quatre ans plus tôt. Début avril 2017, Traoré, n'est encore qu'un bandit. À vingt-huit ans, ce Franco-Malien a « le profil classique des criminels islamistes ordinaires », selon les termes de l’avocat Gilles-William Goldnadel. Pour cause, son casier judiciaire est long comme le bras : y figurent quatre condamnations pour vol, six pour violences, dont une pour avoir brûlé un individu afin de le détrousser, huit pour usage ou trafic de stupéfiants, deux pour outrage, un pour port d’arme, sans compter les trente pages de mains courantes. Lui qui fume des joints comme un pompier dans les cages d'escalier inspire aussi la peur chez ses voisins et particulièrement chez Sarah Halimi, une retraitée juive sans histoire, qui ferme toujours la porte de chez elle à double tour.

Le quatre du mois, alors que pointe l'aube, le truand devient un assassin. Traoré entre chez madame Halimi par effraction, la cogne aux poings pendant quarante minutes, puis jette son corps par-dessus la rambarde du balcon. Elle sera retrouvée en chemise de nuit dans la courette de l’immeuble. Le genou, le pied droit et le cou écorché, la mâchoire déboîtée, le bassin brisé et de multiples traumatismes crâniens : une vingtaine de fractures seront découvertes sur son corps.

DERESPONSABILISATION

Interpellé par la police, Traoré est encore très excité, impossible de le calmer. Un collège d’experts-psychiatres conclura à une crise de démence décuplée par la drogue. « Ce trouble psychotique bref a aboli son discernement,...