Généalogie (blanche) de l'idée décoloniale
Par Michel Onfray.
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On chercherait en vain une date de naissance à la sujétion de l’homme par l’homme. Au temps où il était encore plus singe qu’homme, la loi de la nature régnait et les plus forts soumettaient les plus faibles, les plus rusés les moins malins, les plus nombreux les minoritaires, les plus intelligents les moins doués. La guerre ne surgit pas au néolithique avec le surgissement de la propriété, maxime du catéchisme progressiste rousseauiste (1), mais nomme les relations entre les animaux de territoire, ce que nous sommes toujours. Le colonialisme est l’une des modalités de la lutte pour l’espace vital qui travaille le cœur du vivant.
Le Sipo matador, cette liane chère au cœur de Nietzsche parce qu’elle visualise le principe de la volonté de puissance, sort du sol, enserre un arbre, l'utilise pour grimper vers la canopée où elle trouve le soleil, c’est-à-dire la vie. Pour ce faire, elle parasite l’arbre qui paie de sa vie l’expansion de la liane. Le Sipo matador des forêts tropicales de Java colonise le tronc par-delà le Bien et le Mal. C’est la loi du vivant.
On eut aimé que Darwin fût plus disert sur les colonies humaines primitives. Mais il était scientifique et ne s’embarquait pas dans des rêveries, tel Freud dans Totem et Tabou, sur ce qu’étaient, faisaient et pensaient les hommes regroupés en tribus. Freud disserte sur les concours de jets d’urine des hommes au-dessus d’un feu, sur des pères tués afin d’accéder aux femelles en sa possession, sur des banquets cannibales qui permettraient aux enfants de manger le corps de leur géniteur trucidé, autant de vues d’un esprit tourmenté transformées en paroles d’évangile par les tenants de la pensée magique au XXe siècle.
Ce que l’on découvre en interrogeant l’éthologie, une science, elle, c’est que les logiques de...