« La faim est l'arme absolue de la guerre contre les peuples » : entretien avec Thierry Wolton sur les dérives antipopulaires du communisme
Le communisme est-il un populisme ? Tout porte à croire que oui. Tout, sauf la réalité historique… Pour Thierry Wolton, la dictature du prolétariat annoncée par les idéologues communistes aura surtout consisté en une longue dictature sur le prolétariat.
F.P. : Dans l’histoire du XXe siècle, la gauche est souvent présentée comme la force politique qui défend les classes populaires. Le projet communiste peut-il être qualifié de « populiste » ?
Thierry Wolton : Le populisme se prétend proche des préoccupations du peuple, il estime être le seul à même de proposer une politique qui défend ses intérêts. Dans une certaine mesure, le communisme peut être rangé dans cette catégorie, puisque son propos est de faire le bonheur du peuple, en tout cas d’en prendre la défense contre l’exploitation des classes sociales supérieures, qualifiées d’exploiteuses. Ce n’est pas si simple que cela. Le communisme est une idéologie forclose, qui fonctionne sur elle-même, qui prétend détenir les recettes qui feront le bonheur du peuple, malgré lui. Il n’est pas à l’écoute du peuple, puisqu’il sait a priori ce qu’il faut au peuple, et lui impose ses idées. C’est tout le contraire d’une prétendue écoute populiste. Le populisme va du bas vers le haut. Le communisme fait le chemin inverse. Il s’agit d’une démarche purement idéologique, qui a ses lois d’airain que rien ne peut altérer ni remettre en cause.
La principale d’entre elles, émise par Marx, consiste à penser que la lutte des classes est le moteur de l’histoire. Ce n’est pas le principe même de la lutte des classes qui pose problème, c’est d’en faire le moteur de l’histoire. Une politique communiste consiste donc à opérer une guerre civile permanente, classe contre classe, dans l’espoir d’avancer dans l’histoire pour mettre en place une société sans classe et sans État. En pratique, tous les régimes communistes du XXe siècle, soit 27 au total, ont développé une société hyperinégalitaire où la nomenklatura du parti avait tous les droits, dont le droit suprême d’ôter la vie à ceux qui n’étaient pas d’accord ou qui pouvaient faire obstacle...