La pub, une machine à laver le cerveau
L’un des principaux vecteurs de l’idéologie dominante constitue aujourd’hui la publicité, qui, sous prétexte de vendre des biens de consommation, véhicule un ensemble de valeurs implicites conformes aux impératifs de l’État profond. Et pour cause : le discours publicitaire se trouve pris en étau entre l’intimidation médiatique de groupes militants généralement ultraprogressistes et les normes de censure imposées par les pouvoirs publics. Le politiquement correct bénéficie par là même d’une arme de propagande redoutable.
En 2018, après la déferlante #MeToo, la mairie de Paris décidait de retirer une publicité pour la marque Aubade affichée sur la devanture des Galeries Lafayette, où l’on voyait une charmante pièce de lingerie portée par une femme photographiée de dos, en noir et blanc. Point de vulgarité graveleuse ici, encore moins de pornographie bien sûr ; juste une pointe d’érotisme bon teint dans la patrie de Rabelais et de la féministe épicurienne Ninon de Lenclos. Difficile aussi de prétendre que cette publicité exploitait le machisme d’hommes trop imbus d’eux-mêmes, puisque les marques de lingerie visent en théorie un public de consommatrices simplement soucieuses de s’acheter des sous-vêtements élégants, et non des mâles voyeuristes. Il semble donc que le féminisme du XXIe siècle ne combat pas seulement la misogynie, mais qu’il proscrit toute représentation libertine de la beauté. Dans un souci de réciprocité, demain, faudra-t-il interdire les mannequins posant torse nu pour les marques de rasoirs ou de déodorants masculins, sous prétexte qu’il y a là une pression implicite des femmes sur les hommes, qu’on oblige ainsi à être séduisants ?
LES CODES DU POLITIQUEMENT CORRECT
Il est vrai que la publicité a très largement abusé par le passé d’une représentation dégradante des femmes, lorsqu’il s’agissait de vendre des produits aux hommes en flattant leur virilité. La publicité est au sens propre une propagande, qui vise à influencer le jugement ; et bien que son objectif soit de susciter une pulsion d’achat, elle mobilise à cette fin des codes idéologiques qui façonnent durablement les mentalités collectives. Dans une société où le poids de l’image n’a jamais été aussi grand, l’idéologie qui contrôle l’univers publicitaire a de bonnes chances de s’emparer du monde.
Depuis la mort de George Floyd, Afro-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis en mai dernier, la thématique...