Embarquer sur le "Macronic"
Au lendemain du remaniement et à un peu moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’éclairante analyse politique de Dominique Jamet.
Notre système institutionnel, tel que l’a revu et dégradé Jacques Chirac, notamment par la néfaste introduction du quinquennat et son jumelage avec les élections législatives, ne pouvait que réduire la partie utile du mandat présidentiel. De fait, à peine le chef de l’Etat, après en avoir franchi le premier versant, est-il engagé sur la pente descendante qui le conduira au terme de son pouvoir, le souci, puis la préoccupation puis l’obsession de sa réélection absorbent le plus clair de son énergie et de son temps et contaminent sa majorité, ses partisans, ses ennemis, ses futurs concurrents, les médias, les commentateurs, enfin, de proche en proche, l’ensemble de la population. Etrange phénomène qui va évidemment à l’encontre de ce qu’avaient souhaité les rédacteurs de la Constitution de 1958. En instituant le septennat, ceux-ci avaient assuré la stabilité de l’exécutif tout en permettant une respiration de la démocratie par le biais de législatives décalées et par le recours au referendum.
Le cru 2020 confirme de façon spectaculaire l’effet pervers de l’altération du texte fondamental conçu par le général de Gaulle et mis en musique par Michel Debré. Les millions de bulletins de vote du second tour des municipales étaient à peine comptés, les maires nouvellement élus tout juste installés que s’engageait la bataille qui va dominer et empoisonner notre actualité durant les vingt-deux mois à venir. A moins bien entendu qu’Emmanuel Macron renonce à se représenter. Le congédiement d’Edouard Philippe, son remplacement par Jean Castex et la composition du nouveau gouvernement ne vont pas dans ce sens.
Ancien élève de l’ENA, le chef de l’Etat sait lire et écrire. Ancien ministre de l’Economie et des Finances, le chef de l’Etat sait compter. Il ne lui a pas échappé que l’épreuve des urnes avait été tout simplement désastreuse pour le parti qui portait...