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Euthanasie : bonne mort ou belle mort ?

CONTRIBUTION / OPINION. Alors que la "Convention citoyenne" sur la fin de vie a rendu ses recommandations et que l'exécutif s'apprête à proposer un projet de loi sur le sujet d'ici la fin de l'été, la question de l'euthanasie continue d'interroger.

/2023/04/gastineau


Quand je travaillais à l'Assemblée nationale sur les questions bioéthiques, je n'ai jamais rencontré ni entendu un seul professionnel de santé dire que l'euthanasie (ou le « suicide assisté ») était nécessaire, ni même attendu par les personnes "en fin de vie", selon l'expression consacrée.

Depuis 2016, la loi autorise une personne dont le diagnostic vital est engagé à demander « une sédation profonde et continue ». La sédation endort le patient pour le laisser partir sans souffrir. Elle suppose un consentement libre et éclairé, tel que le cadre la loi Claeys-Leonetti. Cette loi est-elle appliquée ? On n'en sait rien. Aucune évaluation n'existe. Ministre de la santé, Agnès Buzyn ne manquait jamais de le rappeler. D'où la question : pourquoi, dès maintenant, vouloir aller encore plus loin ? Que veulent-ils ? Une liberté absolue ? A-t-on seulement bâti une société sur un tel principe ?

À l'Assemblée nationale, je n'ai jamais non plus entendu un seul argument en faveur de l'euthanasie, sinon celui prétendant instituer un nouveau « droit à ... » ; expression d'une éthique minimale ouvrant la porte à toutes les dérives, comme en Belgique où le droit au suicide assisté s'ouvre à toute personne en formulant la demande, et ce quel que soit l'avis des médecins et l'état de santé de cette personne. Dérives qui, bien évidemment, n'arriveront jamais chez nous en France... Jamais ! Depuis quand, dans le pays des Lumières, subit-on l'imprévu, les effets mécaniques de nos impensées ?

Si la dignité de l'homme est quantifiable, réductible au ressenti individuel, et non intrinsèque, rattachée à une condition qui oblige, mesure-t-on le sens du chemin que nous empruntons, la société que nous (dé)construisons ?

La pénurie de personnels dans de nombreuses professions de santé est liée à une crise de sens qui génère une crise de vocation, répète-on ici et là. La vocation d'un médecin est de sauver, soigner. Éliminez...

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