Vers une VIe République ?
CONTRIBUTION / OPINION. La dissolution de l’Assemblée nationale et le raz-de-marée annoncé du RN cache-t-il une crise politique plus profonde ? Assurément selon notre lecteur, qui voit dans les résutats du parti de Jordan Bardella un vote de défiance, autant à l’égard de la personne d'Emmanuel Macron qu’à l’encontre du présidentialisme de la Ve République.
Le 30 juin, puis le 7 juillet rendront définitives les conclusions d’une politique largement contestée sur ces 7 dernières années. Allant encore plus loin dans l’histoire de la vie politique nationale et observons que les mandats sarkozystes, hollandistes voyaient le corps électoral se décomposer sous le poids encore lourd d’un président aux droits exorbitants. Les agissements d’un exécutif alité aux décrets, à l’unilatéralité, positionnant le chef de l’État comme le chef tout court gouvernant presque seul, ont fait du monarque républicain l’homme à abattre.
Les trois prochaines années, l’Élysée sera une place vacante. Le recentrement du champ politique s’effectuera autour des partis d’influences, quant à eux populaires, représentatifs en un certain sens d’une volonté générale ignorée. S’il est par ailleurs à croire que, bientôt installés au Palais Bourbon, un front de députés vaguement populistes convoquant Léon Blum fera face à l’impossible SMIC à 10 000 euros. Il n’en demeurera pas moins que la lumière du jeu politique éclairera l’Assemblée nationale pour un temps précieux.
Et la démocratie ? Comprenons que le Parlement national, si la Constitution postule à une réforme intégrale de ses institutions, le régime représentatif glissera vers le fantasme tant attendu, vendu, promu de la démocratie participative. Celle-ci a tous les avantages du meilleur des régimes politiques, elle oblige à penser que nous pourrons une bonne fois pour toutes parler d’une seule et même voix en ayant rangé le citoyen raisonnable et individualiste dans son passé antique. Elle sera imprégnée des germes révolutionnaires et fera taire les manifestants. Elle opérera comme un Président à plusieurs têtes, mais pour décider d’une seule.
Ce que voudra le peuple, c’est ce que voudra l’opinion. Encore mieux, ce que dira l’opinion dominante occultera l’opinion majoritaire. Si une VIe Constitution émerge, dotant le parlement d’un pouvoir inédit, nous aurons renoncé aux quelques qualités relatives...