Éducation : Malaise chez les instits
Institutrice arrivant le matin avec son tube de Lexomil à la main, maître avouant qu'à deux ans de la retraite, il en a marre et ne conseillera jamais à un jeune d'entrer dans ce métier. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a un sérieux malaise dans la profession.
Institutrice arrivant le matin avec son tube de Lexomil à la main, maître avouant qu'à deux ans de la retraite, il en a marre et ne conseillera jamais à un jeune d'entrer dans ce métier, enseignante pleurant d'impuissance devant la montagne de fiches, de contrats, de feuilles d'évaluation, de comptes-rendus et autres livrets de compétences qu'on lui demande de remplir. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a un sérieux malaise dans la profession.
Ce malaise, — ce sentiment d'être mal dans sa peau, mal dans son travail —, s'est accentué ces dernières années. On peut se demander si cette déstabilisation des esprits n'a pas été sciemment instaurée par l'administration.
Car ce sont avant tout les changements perpétuels ordonnés par les « penseurs(1) » de la rue de Grenelle(2) qui bouleversent le monde de l'éducation et font que les instituteurs se retrouvent seuls face à des réformes jamais évaluées, sans repères fixes et durables auxquels s'accrocher. Ils subissent des directives dont ils ont le sentiment justifié qu'elles n'ont d'autres sens et d'autres buts qu'elles-mêmes.
Le discours des compétences
Le discours diffusé par le ministère impose aux enseignants d'évaluer les " compétences " des enfants. Il est à remarquer que le vocabulaire employé n'est jamais innocent. Les mots se veulent à l'image des méthodes employées dans les entreprises, fonctionnels et rationnels. On va donc, à l'aide " d'outils ", déterminer les compétences transversales, langagières, mathématiques, scientifiques, technologiques, artistiques et physiques des enfants. Chaque catégorie est découpée en sous-catégories elles-mêmes découpées en items correspondants à des stades que l'enfant doit atteindre.
On fait semblant d'oublier au passage que ces " outils d'évaluation " isolent les notions et les compétences de l'expérience globale de l'enfant alors qu'elles ne prennent sens qu'au sein de cette expérience.
En fait, on trouve dans l'enseignement la même...