Populisme : le vrai-faux
Quelques idées reçues autour du populisme, décortiquées.
La préférence nationale est une idée d'extrême droite : COMPLIQUÉ
La préférence nationale est l’idée selon laquelle les personnes d’une nationalité donnée doivent être privilégiées sur leur sol. Elle implique, par une logique de solidarité intra-nationale (1), d’assumer le principe d’une discrimination encadrée par la loi à l’égard des étrangers. On parle aussi de « nativisme », une conception communautaire du lien social fondée sur le privilège (national) de ceux qui sont nés sur le territoire (national) (2). En France, cette idée est en effet portée par l’extrême droite, officieusement depuis les années 1970 via François Duprat, officiellement depuis le milieu des années 1980 via Jean-Yves le Gallou et le Club de l’Horloge, puis la publication du livre Les Français d’abord (1984) de Jean-Marie Le Pen. Cette idée, devenue « priorité nationale », est toujours le cœur nucléaire du RN. Si la préférence nationale fait aujourd’hui l’unanimité à l’extrême droite, elle ne s’y limite pas. D’abord parce qu’elle est née… à gauche (3). Sous la Troisième République, de nombreuses lois vont dans ce sens, portées par des socialistes et des républicains comme Alexandre Millerand (4) ou Édouard Daladier (5). La loi du 10 août 1932, qui radicalise les décrets Millerand et restreint drastiquement l’emploi des étrangers, est adoptée dans un « quasi-consensus (6) » sous la présidence du Conseil du grand républicain Édouard Herriot. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la République française a consacré, au nom de l’universalisme, le « principe d’égalité » entre nationaux et étrangers (les allocations et les aides sont ouvertes aux étrangers), si bien que la nationalité n’est plus un critère discriminant (7). Ce cadre « ouvert » a été renforcé dans les années 1950-1960 par la signature de diverses conventions et chartes internationales (8) et le poids des juridictions européennes. À la fin des années 1980, le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ont sanctuarisé ce...