Badiou (Alain)
Si le diable est « l’esprit qui toujours nie », Badiou (né en 1937) est l’esprit qui jamais ne renie. Maoïste en 1968, Badiou persiste et signe : « Vive le communisme historique, à bas la démocratie. »
Rendu célèbre auprès du grand public avec ses apparitions télévisées au moment de la parution de De quoi Sarkozy est-il le nom ? (2007) puis de Circonstances, 5. L’hypothèse communiste (2009), le philosophe Alain Badiou est l’auteur d’une centaine de livres – certains prétendent qu’il serait le philosophe français le plus traduit au monde, mais cela reste sujet à caution. Il est professeur émérite à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm où il a tenu pendant longtemps un séminaire très couru chez les normaliens philosophes.
« Kampouchéa vaincra  »
Sur le plan politique, le positionnement de Badiou, qu’on peut qualifier assez objectivement d’extrême gauche, se singularise par le fait qu’il ne renie absolument pas les radicalités gauchistes post-68 ni les 100 millions de morts du communisme, en particulier soviétique et maoïste. Selon lui, l’« hypothèse communiste » reste valable malgré ses échecs répétés et meurtriers tout au long du XXe siècle. Dans une tribune parue dans Le Monde du 17 janvier 1979 intitulée « Kampouchéa vaincra », il va même jusqu’à prendre la défense des Khmers rouges et de Pol Pot dans la guerre entre le Cambodge et le Vietnam : il emploie l’expression de « solution finale » et parle de « la mise à l’ordre du jour de la terreur », rien que ça… Interrogé en 2012, il dira regretter cet article. Il s’agit là de l’une de ses très rares prises de distance avec ses engagements de jeunesse. En 2018, pour les 50 ans de mai 68, il publie un petit livre (une plaquette d’une soixantaine de pages) intitulé On a raison de se révolter, dont le titre (une phrase de Mao) est un clin d’œil à un livre d’entretiens paru en 1974 de Sartre avec deux jeunes militants maoïstes, Benny Lévy (son secrétaire) et Philippe Gavi. Dans ce texte court, synthétique et, il faut le dire,...