B comme...BêtesFPContenu payant

Bêtes

Par Barbara Lefebvre.

/2021/10/B_Betes


Rien de plus sincère et inconditionnel que l’attachement du chien envers son compagnon humain. Ce lien incomparable résulte largement de son ancienneté : le dressage du loup gris devenu chien est la première domestication animale, intervenue il y a environ 30 000-40 000 ans. Le chien a donc précédé auprès de l’humain toutes les espèces apprivoisées qui suivront à partir du néolithique.

Mais l’attachement inconditionnel des humains envers les chiens n’est pas toujours vrai. Car Sapiens a développé l’art de manipuler l’autre dans son propre intérêt et d’exploiter les animaux, dont la capacité à contester et à se rebeller a été rapidement contrainte par notre puissance cognitive et technique.

Le chien « utile » a longtemps été le chien de chasse et de garde, même si dans l’Antiquité, on trouve trace du chien d’agrément traité comme un membre de la famille. En Occident, après avoir été diabolisé par l’Église (à l’instar de l’islam), le chien va, à la Renaissance, se voir attribuer une nouvelle fonction à la faveur du développement de mœurs plus policées : tenir compagnie à son maître pour le divertir, le réconforter, le valoriser. Pas un souverain européen qui n’aura son chien bien-aimé, de Filou, le king’s charles de Louis XV, à Caesar, le terrier d’Édouard VII, en passant par les bichons d’Henri III.

Les chiens des Présidents

Est-il donc surprenant que la monarchie républicaine française ait cherché à poursuivre cette tradition ? Seulement, au fil du temps postmoderne, le compagnon canin des Présidents de la Ve République est devenu un outil de communication avant d’être un authentique compagnon de vie. Presque tout aujourd’hui sonne faux dans les photographies (devenues tweets) du « chien du Président ». Quand Georges Pompidou lança la mode du labrador québécois, il ne fit jamais un usage médiatique de ses chiens auxquels lui et son épouse vouaient un attachement...