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« Ce n’est pas parce que l’Oncle Sam ment souvent qu’il ment toujours. »

Fin connaisseur des questions de géopolitique et de propagande, le président de République souveraine retrace son parcours de chercheur et de praticien de la communication politique. S’il porte un regard critique sur le fonctionnement des médias, il refuse de céder à la tentation du complotisme. Entretien avec Georges Kuzmanovic
Propos recueillis par Jean-Baptiste Roques

/2022/03/29_Oncle sam


Front Populaire. : Depuis quand vous intéressez-vous à la question de la propagande ?

Georges Kuzmanovic : Depuis que je m’intéresse à la politique, c’est-à-dire depuis mon adolescence. À l'origine simple « amateur » dans le domaine, j’ai acquis une certaine expertise lors de mes études supérieures. En 2001, dans le cadre d’une thèse de doctorat en socio-économie à l’École normale supérieure de Paris (ENS-Ulm), j’ai passé un an d’échange universitaire au Massachusetts Institute of Technology (MIT) près de Boston, où j’ai eu notamment comme professeurs Paul Krugman, prix Nobel d’économie, et Noam Chomsky, le fondateur de la « linguistique générative », également connu pour ses publications très critiques vis-à-vis de l'hégémonie des USA et des multinationales américaines. Chomsky s’était déjà rendu mondialement célèbre grâce à son essai La Fabrication du consentement(1), coécrit avec l’économiste Edward Herman. Un ouvrage qui décrit la manière dont s’organise la propagande dans les régimes démocratiques. En 2000, quand j’étais son élève, il s’apprêtait à sortir un nouveau livre sur le sujet : Understanding Power(2). Une œuvre maîtresse que je conseille à tous, qui décortique par le menu la manière dont on fait – littéralement – avaler aux populations la préférence donnée au privé sur le public, la destruction des services publics, la magnification des multinationales, le dépérissement de l’État, etc. Noam Chomsky s’est aussi illustré dans ses analyses sur la façon dont sont couverts les conflits internationaux et surtout les méthodes pour préparer les électeurs à « acheter » la nécessité d’une guerre. Or, j’avais pu me rendre compte de toute la pertinence de ce propos deux ans avant, durant la guerre du Kosovo, au cours de laquelle des arguments fallacieux avaient été employés par les pays de l’OTAN pour intervenir militairement.

F.P. : Y a-t-il en France des auteurs qui vous semblent proposer une analyse également intéressante à cet égard ?

G. K. : Oui, je...