Ceux qui restent
Officier de l’armée de Terre, Jean Michelin publie son premier roman Ceux qui restent (éd. Héloïse d’Ormesson). Il décrit le retour des militaires français après des opérations extérieures. À l’heure où les troupes françaises sont sommées de se retirer du continent africain, ce roman rend hommage à leur sacrifice quotidien.
Lors d’une opération en Afrique, une patrouille se trouve piégée dans une embuscade. Un soldat est tué, mais tous les autres s’en sortent indemnes, sans blessures physiques du moins. De retour à la base, la psychologue essaie de déceler en chacun la blessure invisible, celle du traumatisme. Le caporal surnommé Lulu, rompu aux OPEX, est catégorique. Il saura faire face, il en a vu d’autres. Il est sans doute sincère. À son retour en France, Lulu prend la fuite, rattrapé par des souvenirs de guerre qui le hantent. C’est une des manifestations des troubles du stress post-traumatique (TSPT) que l’Inserm définit comme « un facteur de stress intense ou d’effroi, face auxquels [les combattants] se sont sentis impuissants ». L’ancienneté et l’expérience renforcent seulement les mécanismes psychiques de protection. Ces traumatismes psychiques ont été observés dès l’Antiquité où l’on pensait que les guerriers étaient possédés par des fantômes. Les guerres mondiales du XXe siècle ont encouragé les recherches pour aboutir en 1992 à la reconnaissance par l’armée française des TSPT comme « blessures psychiques » ouvrant droit à réparation. Les TSPT découlent d’une pathologie de la mémoire.
Dans Les Confessions d’un porte-drapeau déchu, Andreï Makine décrit la mémoire traumatique du corps, corrompu dans ses réflexes : « Je m’engouffre dans l'entrelacs des petites rues. Soudain, derrière un angle crépite la rafale d’un marteau-piqueur. Le corps réagit plus vite que ma pensée. Il tressaille dans un désir vite réprimé de se jeter par terre [...] Nous ne serons jamais des gens normaux… » Le caractère aléatoire des réactions rend le diagnostic difficile. Les TSPT se traduisent également par la perte de sommeil, la dépression et l’agressivité. À l’image du personnage de Stéphane, frappé d’insomnies, qui court toutes les nuits jusqu’à en avoir la nausée afin d’oublier son passé et tomber de fatigue.
L’épreuve du désespoir
Si le combat...