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Cinéma français : l’exception de papier ?

Reposant sur un mode de financement public, le cinéma français revendique l’exception culturelle. C’est le Centre national de la cinématographie, clé de voûte du cinéma hexagonal, qui attribue des subventions aux films. Mais le CNC est-il une garantie d’indépendance et de créativité ? N’impose-t-il pas plutôt à l’ensemble de notre production audiovisuelle un verrouillage idéologique en bonne et due forme ?

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Imaginés en 1936, le Comité d’organisation de l’industrie cinématographique et la Direction générale de la cinématographie verront le jour sous le gouvernement de Vichy. En octobre 1946, pouvoirs publics, professionnels du cinéma et syndicats en reprennent le principe, mettant sur pied le Centre national de la cinématographie, lequel dépend du... ministère de l’Information. Propagande ? « L’organisation pétainiste a en effet créé un instrument de politique culturelle, un fantastique relais idéologique qui a ensuite été récupéré par les communistes ! », résume l’avocat Roland Lienhardt. En 1946, le CNC doit servir de contrepoids à l’accord Blum-Byrnes qui prévoit, en contrepartie des aides substantielles consenties par les États-Unis après la guerre, la suppression des quotas limitant la diffusion de films américains en France. Le CNC a ainsi vocation à contrer ce qu’on appellera plus tard le soft power américain, dont les studios hollywoodiens sont la caisse de résonance.

MYTHOLOGIE DE L’INDÉPENDANCE

En 1959, Malraux met en place l’avance sur recettes, qui assure le préfinancement par l’argent public de films choisis en commission. Grâce à une taxe prélevée sur chaque ticket de cinéma vendu, le CNC finance les films français dans une indépendance relative vis-à-vis de la loi du marché, créant ainsi, pense-t-on, un vertueux contre-modèle au capitalisme hollywoodien. Pourtant, ce sont en grande partie les films américains sortis des studios qui, via la taxe sur les tickets, financent de fait l’exception cinématographique française. Un détail dont la mythologie de l’« indépendance » culturelle ne s’embarrasse guère.

Alimentant sans que cela se dise les fonds du CNC, le cinéma américain aura par ailleurs ses plus grands admirateurs parmi les cinéastes de la nouvelle vague, premiers bénéficiaires de l’avance sur recettes. Ceux-ci, qui ne se considèrent pas comme de simples réalisateurs, se revendiquent auteurs, en rupture avec l’académisme français. Leurs représentants les plus connus, Jean-Luc Godard et François Truffaut,...

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