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Comment la France peut-elle sauver sa place dans la gouvernance mondiale ?

L’idéologie dominante de l’État profond s’est cristallisée à l’échelle internationale à travers des organes de gouvernance qui imposent leurs diktats aux nations : ONU, OMC, multinationales, banques, ONG, marchent ainsi main dans la main pour brimer la souveraineté des États. Comment cette gouvernance s’est-elle érigée, et comment pouvons-nous désormais en sortir ? De la réponse à ces questions dépendra la place de la France dans le concert mondial au cours des prochaines décennies.

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La gouvernance mondiale a commencé. Elle se poursuivra en se transformant. Le système actuel, né dans les années 1970, n’est déjà plus le multilatéralisme de 1945. Il vit aujourd’hui à son tour une période charnière de son évolution. Les États sont particulièrement concernés. Pour perdurer, ils doivent se préparer à intervenir dans le formatage d’un nouveau schéma. Pour cela, il est nécessaire de bien comprendre les origines du système actuel, d’identifier les forces qui œuvrent à le reconfigurer et de rechercher les leviers d’action encore possibles.

LA GOUVERNANCE LIBÉRALO-MORALE ISSUE DES ANNÉES 1970 EST À BOUT DE SOUFFLE

Ce que l’on appelle aujourd’hui gouvernance mondiale ne relève plus seulement des institutions multilatérales, il s’agit d’un système englobant, composé d’acteurs divers (les « parties prenantes ») qui participent au « management » de la société mondiale (d’où le mot de « gouvernance », en principe réservé au rôle des organes dirigeants des entreprises). Ce système a permis le développement d’un libéralisme de plus en plus financiarisé et dérégulé, avec le soutien du concept extraordinairement fécond du développement durable, né officiellement en 1989 mais en gestation depuis les années 1970.

Ces années furent très troublées sur tous les continents et amenèrent de multiples réflexions. L’une d’entre elles participera à un tournant de la direction du monde. En 1972, le club de Rome, un groupe issu de l’OCDE et composé de fonctionnaires internationaux, de scientifiques et d’industriels, avec l’appui de la fondation Rockefeller, publie un rapport disruptif (rédigé par une équipe de chercheurs du MIT) intitulé The limits to growth, les limites à la croissance, et la même année, le sommet de l’ONU de Stockholm aborde le thème de l’amélioration des conditions d’existence à long terme de l’humanité. Le concept du développement durable naît peu après, à partir de travaux de think tanks américains, onusiens et de...