EditoFPContenu payant

Contre l'esprit de chapelle, fût-elle de gauche

L'édito de Stéphane Simon.

/2022/12/1_EditoSS_2


Aussi loin que m’emmènent mes souvenirs familiaux, je ne croise que des instituteurs, des précepteurs, des professeurs… Chez les Simon, on était enseignant de père en fils. C’est un lignage sans blason, qui n’a jamais posé devant le fronton des grands lycées parisiens, mais exercé son métier dans des petites villes de France pour permettre à des générations de fils de paysans, d’artisans et de pêcheurs d’apprendre à lire, écrire et compter. C’est aussi une tradition politique, qui a conduit la plupart de mes ancêtres à voter plutôt pour ce que l’on nommait « le progrès », du Parti radical socialiste au Parti communiste français en passant par le Parti socialiste.

Dois-je m’enorgueillir pour autant de chacun des faits, gestes ou pensées de mes hussards noirs de la République ? L’honnêteté me conduit à répondre non. Pas de quoi être fier des rodomontades de mon aïeul Omer Simon qui, dans les années 1900, poussait d’inutiles « croa-croa » quand il voyait un curé en soutane dans la rue. Ni de l’enthousiasme de mon grand-père Camille à l’évocation de Léon Blum invoquant « le droit et même le devoir des races supérieures d’appeler à elles celles qui ne sont pas parvenues au même niveau de culture ». Ou encore du soutien candide de mon père, secrétaire d’une section locale du PCF, à la révolution culturelle de Mao, à l’arrivée de Pol Pot à Phnom Penh ou du socialisme tropical de Castro. Il faut bien reconnaître qu’en lisant les volumes des Éditions sociales fièrement entreposés dans le salon, j’y ai découvert de nombreuses approximations, omissions, contre-vérités et propagandes grossières marxistes… plus sûrement que des faits historiquement incontestables !

Aussi, quand j’ai croisé à la fin des années 1990 Stéphane Courtois, venu parler de son Livre noir du communisme (1997, éd. Robert Laffont) sur le plateau de l’émission télévisée Rive...