Culture
Penser la culture en termes de souveraineté n’est pas le moindre des défis. Que signifie la souveraineté culturelle, hormis porter un regard politique sur l’appropriation collective d’un ensemble de codes, de mœurs, d’objets artistiques et intellectuels qui font sinon consensus, du moins correspondent à l’idée qu’une nation, un peuple, se fait de sa civilisation ? Il est donc évident que parler de culture au singulier oriente la réflexion d’une part dans sa dimension unitaire, d’autre part dans une perspective politique.
Du choix de la perspective est sans doute né le malentendu ayant suivi la déclaration du candidat Emmanuel Macron en février 2017 : « Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse, elle est multiple ». Quelques jours plus tard, à Londres, il ajoutait : « L’art français, je ne l’ai jamais vu […], il a toujours agrégé des talents venus de l’étranger ». De quoi parlait, en ces temps déjà lointains, le futur président de la République ? De culture artistique et intellectuelle ou de civilisation ? La première est bien entendu plurielle, la seconde est résolument singulière. On ne le saura jamais tant est grand son art de l’esquive à expliciter une pensée qui fonctionne par formules à mi-chemin entre l’aphorisme et le slogan publicitaire. Ce qui est certain, c’est qu’à l’aube de sa victoire, le jeune politicien n’avait pas encore compris la passion française de l’unité. Il n’est sans doute pas assez féru d’histoire de France et d’historiographie pour le comprendre. L’expérience de l’exercice du pouvoir qui l’a contraint à entrer en relation, en communication, avec la réalité de la France et son peuple, aura sans doute modifié son regard, à défaut de ses convictions idéologiques.
LA CULTURE COMME IDENTITÉ
En France, parler de culture c’est parler d’identité ; une identité, dès ses origines, ressentie et...