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De Gaulle (Charles) – par Michel Onfray

Sous-titre : DOIT-ON VIVRE COMME DES TERMITES ? DE GAULLE, PENSEUR DE LA CIVILISATION

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Nul n’ignore que le général de Gaulle fut un militaire qui a pensé l’art de la guerre, un soldat qui a connu le feu et les blessures, un rebelle qui a organisé la Résistance française contre l’occupant nazi et son allié le régime de Vichy, un président de la République qui a créé une constitution qui repose sur le peuple souverain, le chef d’un empire qu’il a décolonisé plus que tout autre, un auteur consacré par la prestigieuse collection de la Pléiade, entre Chateaubriand qu’il aimait et Bernanos qui l’aimait.

Mais on ignore la plupart du temps qu’il a également été un penseur, sinon un philosophe, et qu’il a bien connu l’œuvre de Bergson, celle de Nietzsche dont il écrit une phrase sur le livre d’or d’un hôtel où il fit l’un de ses derniers voyages, en Irlande, mais également, et c’est franchement plus méconnu, un lecteur des socialistes français en général, et de Pierre-Joseph Proudhon en particulier.

Charles de Gaulle est en effet un penseur des civilisations et l’acteur majeur de l’une d’entre elles, notre civilisation judéo-chrétienne. Il a combattu pour qu’elle dure malgré tout ce qui la met en péril, notamment le machinisme du capitalisme américain et le totalitarisme soviétique, non sans avoir compris que, peut-être, « tout est foutu », pour utiliser la formule que le général Massu lui prête à Baden-Baden, mais qu’une posture romantique oblige le soldat de la civilisation à mourir debout dans cet ultime combat.

J’ai, accrochée au mur de mon bureau, la photo d’un double portrait du général de Gaulle et d’André Malraux qui se penchent sur une œuvre d’art. Ces deux hommes avaient en commun un génie de la saisie des longues durées historiques. De Gaulle connaît l’histoire, et pas seulement l’histoire de France, mais aussi celle des grands mouvements civilisationnels ; Malraux...

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