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De l'immigré au citoyen, les conditions d'une transmutation

Par quel processus un immigré peut-il devenir un citoyen à part entière d’une société qui lui est au départ étrangère : pas seulement un Français de papiers à qui l’on a accordé des droits, mais un citoyen pleinement impliqué dans la vie de son pays d’adoption et prêt à le défendre s’il est menacé ?

/2021/02/11-transmutation

Les débats font rage sur les conditions à remplir et de grands mots, à forte charge émotionnelle, sont brandis : assimilation, intégration et inclusion, en négligeant l’examen factuel des phénomènes qui entrent en jeu dans les trajectoires suivies par les immigrés. Il en résulte que les facteurs précis qui font durablement obstacle à la transmutation en citoyen de certains d’entre eux restent mal appréhendés. De ce fait, les pouvoirs publics maîtrisent mal les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour favoriser une telle conversion. En fonction de leurs options idéologiques, certains mettront en avant un manque de volonté d’intégration de la part des immigrés, quand d’autres fustigeront l’insuffisance de l’accueil que leur réserve une société peu ouverte à la diversité. Les uns parlent de « séparatisme », les autres de « discrimination ». Les différences de trajectoire selon la société d’origine tendent à être interprétées en incriminant soit la mauvaise volonté particulière de certaines catégories d’immigrés à l’égard de la société qui les accueille, soit la mauvaise volonté sélective de cette dernière.

Plutôt que de s’installer dans de telles accusations croisées qui ne débouchent sur aucune politique efficace, il serait plus fécond de commencer par examiner les obstacles de fait qui se dressent contre les immigrés, de façon fort inégale selon leur situation de départ, sur la route conduisant à devenir un citoyen plein et entier. Les problèmes, très divers selon les cas et posés par une pluralité d’héritages, paraissent occuper ici une place centrale.

SE PLONGER DANS LE CONCRET DE LA VIE SOCIALE

Les propos tenus sur les rapports entre les immigrés et les sociétés qui les accueillent révèlent un phénomène frappant, celui de l’écart entre deux niveaux de discours. L’un met en avant de grandes idées telles l’assimilation ou la société inclusive, l’autre rentre dans le concret de la vie sociale.

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