Éducation
Par Jean-Paul Brighelli.
Nous avons espéré. Le rictus de Najat Vallaud-Belkacem lors de la passation de pouvoirs sur les marches de la rue de Grenelle, était porteur d’espérance : après deux ans d’incompétence, d’idéologie et de diktats pédagogistes, le courant allait peut-être s’inverser.
Espoir confirmé quand fin juin 2017, le ministre Jean-Michel Blanquer fit distribuer un recueil des Fables de La Fontaine aux élèves achevant le CM2, ce qu’il réitéra les années suivantes. Pour la première fois depuis le début des années 1970 et la mise en application des recommandations de la commission Rouchette (1963-1966) sur l’enseignement du français, on en revenait à la langue classique au lieu d’en rester à celle de la rue.
Le choix de La Fontaine n’est pas innocent. Le fabuliste est détesté par les pédagogues qui ont démantelé l’école, suivant en cela les préceptes rousseauistes. Dans l’Émile, le philosophe genevois répudie bien haut un auteur faisant parler les cigales ou les agneaux, et propose « d’instituer », c’est-à-dire redresser, l’enfant (« cet âge est sans pitié », écrit-il). Le faire apprendre par cœur aux écoliers n’était plus que psittacisme coercitif… Évidemment, cette conviction antiélitiste a pour effet d’annihiler les chances des plus déshérités de parler la langue que leurs camarades (mais l’ont-ils été un jour ?) plus fortunés apprennent en tétant leur mère.
Il en est de même des méthodes de lecture. La proscription du B-A-BA par les pédagos s’appuyait sur la promesse qu’une méthode idéo-visuelle (ou semi-globale) accroîtrait le « sac » de mots de ces mêmes déshérités, sans accroître celui des « héritiers ».
Espoir insensé d’égalitarisme par le bas. Si l’école n’apprend pas les règles de formation du langage, les plus pauvres ne rattraperont jamais ceux qui chez eux entendent parler en bon français. En imposant, du CP à la terminale, des programmes débilitants, Vallaud-Belkacem ne faisait qu’encourager cette école à deux vitesses. D’ailleurs, elle...