Enseignes de prêt-à-porter : le pourquoi des faillites
Camaïeu, Gap, Galeries Lafayette, La Grande Récré, André, Burton, Go Sport, Kookaï, Pimkie… La liste des enseignes en difficulté, en redressement judiciaire ou même en liquidation, est spectaculaire, avec son cortège de plans de licenciement. Mais quelles sont les raisons de cette hécatombe ?
Bien sûr, pour les chaînes de prêt-à-porter, il y a des raisons structurelles, avec la montée de la concurrence des grandes enseignes internationales comme Zara ou H&M et le développement des ventes en ligne. Aussi, l’envolée de l’inflation, encore plus élevée pour les ménages modestes, a freiné les achats en habillement. Comme le pointe l’Institut français de la mode, « les achats de mode ont souvent servi de variable d’ajustement pour faire face aux fortes hausses de prix observées dans l’alimentaire ou dans le secteur de l’énergie ». Mais le fait que ces difficultés frappent aussi violemment des acteurs de taille moyenne, qui ne dominent pas leur secteur, en dit long sur les ressorts de cette crise. Lors de la crise sanitaire, le gouvernement a imposé des confinements calamiteux pour les commerces. Bien sûr, les frais de personnel ont été couverts par le chômage partiel, mais pour tout le reste, le gouvernement n’a choisi que de soulager, temporairement, la trésorerie des entreprises. Elles ont pu étaler et reporter le paiement de leurs taxes et impôts, ainsi que celui de leurs cotisations sociales – appelées « charges » sur le site du ministère… Enfin, sur les plus de 200 milliards mobilisés, 135 ont été des Prêts garantis par l’État (PGE), des prêts de relativement courte durée (1 à 5 ans).
La « dette Covid  »
Ce choix de privilégier des aides de trésorerie a créé une forme de « dette Covid », qui a permis de repousser le paiement des déficits de 2020 et 2021, mais ceux-ci se sont accumulés. Lorsque les entreprises, notamment les commerçants, doivent assumer leurs créances (fiscales, sociales et PGE) du passé, ils n’y parviennent pas, d’où l’hécatombe actuelle. Le contexte actuel (inflation, baisse de la consommation) s’ajoute aux déséquilibres passés, ce qui rend la situation intenable (pas de croissance, marge en berne), d’autant...