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Europe sous influence : le poids des lobbies sur les institutions de l’UE

En plus d’un fonctionnement hyperprocédural qui la place entre les mains d’experts autoproclamés, l’Union européenne est depuis de nombreuses années la chasse gardée de groupes d’influence financés par les grandes entreprises multinationales. Frédéric Dufoing démonte pour nous les rouages de cette mécanique bien huilée, où les renvois d’ascenseur entre technocrates et lobbyistes privés sapent jour après jour les fondements de la démocratie.

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Lorsque José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne (2004-2014), annonça en juillet 2016 qu’il avait été engagé par la banque d’affaires Goldman Sachs, la nouvelle ne suscita qu’un bref écho dans les médias. Pourtant, cette manœuvre de pantouflage ou, en jargon européen, de revolving doors, c’est-à-dire de passage d’un haut fonctionnaire du public vers le privé, relevait d’un cas flagrant de conflit d’intérêts. Goldman Sachs était l’une des principales banques impliquées dans la crise de 2008 et elle a aidé le gouvernement grec à falsifier ses comptes pour ultérieurement spéculer sur sa faillite. Par un hasard déconcertant, il se trouve que Barroso était en charge de ces deux dossiers. À l’époque, Goldman Sachs cherchait des entrées pour défendre ses positions en pleine crise du Brexit. Il est en outre plus que probable que la décision d’engager Barroso a été prise bien avant la période de « refroidissement » de dix-huit mois prévue par le code de bonne conduite des commissaires. Ainsi pouvait-on légitimement soupçonner que des promesses d’emploi lui ayant été faites, le président de la Commission s’est certainement montré partial dans la gestion de ces dossiers. Il n’a cependant subi aucune sanction, d’autant que la pratique est extrêmement courante.

LES LOBBIES POURRISSENT LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES

Comme l’indique l’organisation non gouvernementale Corporate Europe Observatory, la liste d’anciens responsables passés du public au privé est longue. Elle ne se cantonne pas aux commissaires mais aussi à nombre de hauts fonctionnaires de la bureaucratie européenne.

Ces pratiques sont révélatrices de la puissance des lobbies au sein de l’UE, alors que la technocratie bruxelloise est à l’origine de près de 90% des législations des États membres, à travers les règlements et les directives, les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne ou encore les avis de ses agences techniques....

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