Field (Michel)
Peut-on passer de la revendication de la lutte armée aux dîners du Siècle en une seule génération ? Oui, la preuve avec le parcours « exemplaire » de Michel Field (né en 1954).
Les slogans et les affiches de mai 68 ont pour beaucoup fini par être recyclés par le marché. En 2008, pour les quarante ans des événements, les centres Leclerc détournent les plus célèbres affiches contre « la vie chère ». La même année, l’épicerie de luxe Fauchon sort un thé vert de Chine « mai 68 », dont la boîte était ornée des slogans : « La poésie est dans la rue », « L’imagination au pouvoir », « Révolution ! ». En mai 1970, l’enseigne avait été dévalisée par les maoïstes de la Gauche prolétarienne (GP)… Rien ne se perd, tout se récupère. Il en va de même avec Michel Field. On le découvre en 1973, militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), crinière en lévitation sur le crâne, frondant contre la loi Debré. Il déclare, avec un léger accent du Midi (étonnant pour un jeune homme qui a grandi dans le XVIe arrondissement de Paris) : « En tant que militant révolutionnaire, nous pensons que nous changerons cette société, effectivement, parce que nous y serons contraints par les gens d’en face, par la force. Et nous pensons que la lutte armée n’est pas à exclure, a priori ». La même année, déjà attiré par les lumières médiatiques, il apostrophe le ministre de l’Éducation de l’époque, Joseph Fontanet, et le qualifie de « rigolo ». Suffisant pour faire la Une de France-Soir le lendemain.
De la lutte armée aux dîners du Siècle
Vingt ans à peine ont passé, et Michel Field devint une figure médiatique que la télévision apprécie. Venu présenter son roman érotique Impasse de nuit chez Christophe Dechavanne en 1989, il se voit proposer par l’animateur vedette de TF1 de tenir une chronique hebdomadaire dans Ciel, mon mardi ! qu’il assure pendant trois ans. France 2, puis Canal +, avant de récupérer la grand-messe cathodique de TF1 du dimanche soir, en remplacement de 7 sur 7, à...