Girondinisme
Inventé par Lamartine en 1847 dans son Histoire des Girondins, le mot « Girondin » désigne une tendance importante à l’intérieur de la Révolution française, une tendance qu’on pourra dire provinciale. En effet, les Girondins constituent à l’origine un groupe parlementaire ainsi nommé parce que plusieurs de ses membres étaient issus du département de la Gironde et qu’ils souhaitaient que la province pût peser à égalité avec Paris.
LES GIRONDINS SOUS LA RÉVOLUTION
C’est notamment Michel Onfray qui s’est intéressé à la Révolution française côté girondin depuis les années 2000, avec la publication d’un petit livre sur Charlotte Corday1, suivi d’une contre-histoire de la Révolution du point de vue des femmes girondines (où la figure de Charlotte Corday est reprise aux côtés d’Olympe de Gouges, Manon Roland, Théroigne de Méricourt et Germaine de Staël2). Les analyses, que le philosophe consacre à la « machine ressentimenteuse » qu’a pu être la Révolution dans Décadence et à l’« invention du totalitarisme » qu’ont représentée la Terreur et le génocide vendéen, reprennent et approfondissent de manière synthétique la pensée qu’il a de la Révolution, de ses causes, de son déroulement réel et de ses conséquences3. On ne peut pas comprendre la pensée politique d’Onfray si l’on ne connaît pas ses analyses sur la Révolution française, qui est la période charnière de l’histoire politique moderne de la France.
L’un des points sur lesquels il insiste est que la Révolution française n’a pas seulement été une lutte entre partisans et adversaires de la monarchie absolue, entre républicains et monarchistes, mais aussi une lutte à l’intérieur même du mouvement révolutionnaire entre deux conceptions de la république : la jacobine et la girondine. Les jacobins sont en effet partisans d’un État centralisé, les girondins d’un État communaliste décentralisé laissant un fort pouvoir aux provinces et aux régions. Et ce sont les jacobins (Robespierre, pour...