Histoire de France
Tandis qu’hier le député Clemenceau affirmait au palais Bourbon que « la Révolution française est un bloc », aujourd’hui c’est au Panthéon que le président Macron affirme que « l’histoire de France est un bloc ». En 1891, il s’agissait pour le républicain radical de défendre la censure opérée par le gouvernement contre la pièce de théâtre de Victorien Sardou intitulée Thermidor, dans laquelle la Convention, et plus largement la Révolution se trouvaient attaquées. Clemenceau répondait ainsi à un député monarchiste : « C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis ». En 2020, le président de la République tente lui aussi de répondre à des actions et propos polémiques lourds de menaces pour l’unité nationale : « On ne choisit pas une part de France, on choisit la France. La République ne déboulonne pas de statues ». Sans chercher à relier Georges Clemenceau et Emmanuel Macron, tant leurs parcours intellectuels, professionnels et politiques sont aux antipodes, ce parallèle tend à montrer que la politique en France est toujours affaire d’engagement au service d’un récit historique national.
UN NÉCESSAIRE ENGAGEMENT CITOYEN
Évidemment, il est aberrant d’affirmer que « l’histoire est un bloc » si l’on parle de l’histoire comme discipline intellectuelle. Le poids toujours plus écrasant de l’approche historiographique sur l’écriture historique indique bien que l’histoire, en constante réécriture, est tout sauf un bloc. À quoi, sinon, nous aurait servi de lire les magistrales 4700 pages de l’œuvre collective Les lieux de mémoire ? Néanmoins, l’histoire nationale comme récit unitaire a pour objet de forger et transmettre une histoire-mémoire commune. Elle ne peut qu’être « un bloc », car sa vocation est d’unir dans la sphère publique les citoyens, quand règne ailleurs...