Islamologie
Par Anne-Sophie Nogaret.
La dimension juridico-politique consubstantielle à l’islam, dopée par l’essor du wahhabisme et du frérisme, ne cesse de susciter un malaise ambigu au sein de la société française, teinté de culpabilité et de condescendance. Car dans un pays comme le nôtre, l’altérité ethnoreligieuse, dès lors qu’elle ne se limite plus à un exotisme folklorique et qu’elle contredit délibérément l’abstraction universaliste et les « valeurs » qui lui sont associées, inspire une inquiétante étrangeté que l’on ne sait comment circonvenir.
« L’islamologie ! » Tel fut le remède choisi par François Hollande et perpétué par Emmanuel Macron, pour contrer ce phénomène. Seulement, quand on regarde de près la manière dont il est employé, on peut se demander si ce contrepoison n’est pas en réalité devenu, sous les auspices de l’actuel président de la République, aussi dangereux que le mal qu’il prétend combattre.
Loi de 2004
C’est l’intellectuel algérien Mohammed Arkoun qui fut l’un des premiers, dans les années 80, à évoquer la nécessité d’une approche généraliste et historicisée de l’islam. À l’époque, la proposition resta lettre morte. Mais tout allait changer en 2004 avec la loi voulue par Jacques Chirac pour interdire le port de signes religieux à l’école. Un pluriel dont personne n’est dupe : ce texte vise surtout le voile islamique, lui qui, depuis l’affaire de Creil en 1989, ne cesse de poser problème à l’institution scolaire.
Or, il fut expliqué par les autorités que cette loi n’aurait de valeur qu’à condition d’être accompagnée d’un volet « savoir », qui seul saurait triompher de l’hostilité de plus en plus virulente affichée par l’islam politique (et de l’angoisse que celui-ci suscite chez les Français). Pour la commission Stasi, qui a inspiré la loi de 2004, l’interdiction du voile à l’école se devait ainsi d’être compensée par des enseignements « d’ouverture aux diverses options religieuses et spirituelles ». Ce fut le début...