July (Serge)
S’il a renié son pamphlet de jeunesse sur la guerre civile, Serge July (né en 1942) ne regrette presque rien de son parcours. Il a d’ailleurs revendiqué lui-même l’étiquette « libéral-libertaire ».
Grande gueule à l’accent titi parisien, Serge July aura cultivé l’art de se planter sur à peu près tout depuis un demi-siècle, avec un aplomb certain. Quand les événements de mai 68 débutent, en mars à Nanterre, il est déjà un garçon rangé. Professeur de philo, marié, appartement dans le Marais payé par les beaux-parents. Du jour au lendemain, il plaque tout pour rejoindre les barricades et Daniel Cohn-Bendit. Quelques mois plus tard, il publie, avec Alain Geismar et Erlyn Morane un ouvrage, Vers la guerre civile (1969) : « un lot de conneries » et des « pages un peu pathétiques », de son propre aveu, en mars 2001. Serge July est comme ça : relativement lucide sur les pires scories de son passé, même s’il affirme ne pas regretter grand-chose. En 1972, il couvre pour La Cause du peuple l’affaire de Bruay-en-Artois, dans le bassin minier du Pas-de-Calais. La jeune Brigitte Dewèvre, quinze ans et demi, est retrouvée morte dans un terrain vague. Pour Serge July et ses camarades de la Gauche prolétarienne (GP), pas de doute, le coupable est Pierre Leroy, notaire local. Maurice Barrès avait déduit en son temps la culpabilité de Dreyfus « de sa race ». July déduit celle de Pierre Leroy de sa classe. À une camarade qui émet des doutes sur la culpabilité du notable, Serge July répond : « Tu as peur parce que tu es une fille de bourgeois, tu as peur de voir la tête de ton père au bout d’une pique. » Dans le journal maoïste, on peut lire : « Oui nous sommes des barbares. Il faut le faire souffrir petit à petit. Qu’on nous le donne, nous le couperons morceau par morceau au rasoir ! Je le lierai derrière ma voiture et je roulerai à cent à l’heure dans les rues de Bruay. Il faut lui couper les couilles ! […]...