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L’Europe sociale, l’arnaque du siècle

Il y a trente ans, les promoteurs du traité de Maastricht nous ont raconté une fable. La construction européenne, affirmaient-ils, était source de progrès social et d’amélioration des conditions de vie des travailleurs. David Cayla démonte point par point cette gigantesque escroquerie intellectuelle.

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Cela fait quelque temps qu’on n’entend plus beaucoup parler d’Europe sociale. Il y a une vingtaine d’années, pourtant, il était de bon ton, à gauche, d’évoquer son avènement. Comme si après l’euro, après l’Europe économique, il y aurait logiquement une Europe défendant les intérêts et les droits des salariés. « Et maintenant, l’Europe sociale ! » clamait le Parti socialiste lors des élections européennes de 2004. Le slogan fit mouche : le PS remporta largement cette élection. C’était une autre époque.

Et puis plus rien. Pas plus d’Europe sociale que de sœur Anne à l’horizon. Il faut dire qu’entre-temps, il y eut la victoire du « non » au référendum constitutionnel de 2005, la crise financière de 2008, le retour de l’austérité avec le Pacte budgétaire de 2012 et enfin, l’effondrement économique et social de la Grèce, sacrifiée sur l’autel de l’euro en 2015.

À vrai dire, l’Europe sociale, plus personne n’y croit. Pourtant, ce ne sont pas seulement ces évènements qui ont sonné sa fin. Les transformations structurelles et politiques de l’UE expliquent en grande partie pourquoi elle reste un mirage. Structurellement, les élargissements de 2004 et 2007 ont accru de manière considérable les écarts de niveau de vie. En passant de 15 à 25 membres, puis 27 en 2007, avant d’intégrer la Croatie en 2013, l’Union européenne (UE) a cessé d’être un ensemble économiquement et socialement homogène pour devenir une union où les écarts de coût du travail dans le secteur privé sont considérables. Cet écart, de 1 à 10 à la fin des années 2000, s’est à peine comblé depuis. En 2020, le coût horaire de la main-d’œuvre était de 6,40 € en Bulgarie contre 46,90 € au Danemark [1].

La fin de toute ambition sociale en Europe fut aussi le résultat de changements politiques. En 2007, les arrêts Viking...