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L’Islam peut-il soumettre l’Occident ?

Dans Soumission, l’un des personnages principaux, Alain Tanneur, est un espion français, membre de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure). L’histoire ne dit pas si ce redoutable agent secret, qui a « consacré l’ensemble de sa vie à enquêter sur le dessous des cartes », est aussi bien renseigné qu’il l’affirme. Mais au milieu du récit, Michel Houellebecq lui fait dire ceci : « Dans un sens, la vieille Bat Ye’or n’a pas tort avec son fantasme de complot Eurabia. » De quoi parle-t-il ? Que recouvre le mot-valise « Eurabia » (contraction d’« Europe » et d’« Arabia »), forgé par l’essayiste britannique d’origine égyptienne Bat Ye’or ? Faut-il le ranger dans la case conspirationniste ? Y a-t-il un plan d’islamisation de notre continent ? Pour permettre à chacun de juger sur pièce, nous avons demandé à l’intéressée, chercheuse reconnue pour ses travaux sur le statut des non-musulmans en terre d’islam (la « dhimmitude ») de répondre à cette question choc : « L’islam peut-il soumettre l’Occident ? ». Elle nous a répondu avec le texte qui suit.

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De prime abord, cette question prête à sourire, tant elle paraît irénique et naïve. Semblable à une légère vapeur, elle flotte au-dessus d’un continent dont la mutation sanglante des assises structurelles les plus profondes nous aveugle ; évidence si irrécusable et probablement irrévocable, que nous préférons nous en détourner et la nier avec superbe.

Certes, les mécanismes politiques, économiques et géopolitiques générés par la mondialisation masquent par leurs imbrications les axes idéologiques fixes inamovibles de cette dynamique. On pourrait s’étonner qu’une transmutation civilisationnelle de l’ampleur d’un continent ait échappé au scrutin des esprits acérés de notre époque. Sans doute parce qu’ils la décrètent inexistante, les maîtres agréés du savoir autorisé attribuent ces hypothèses à des élucubrations complotistes et ostracisent leurs auteurs. Rares sont ceux qui en réchappent l’esprit lucide.

L’étude d’un tel sujet exigerait la formation d’équipes plurilingues de chercheurs spécialisés dans diverses disciplines disposant de facilités universitaires. Mais pour les universités, ce domaine tombe dans le vide. Aussi, à mon humble niveau individuel de tâtonnements, me contenterai-je de signaler ici quelques pistes de réflexion qui expliqueraient le sourire narquois à l’énoncé du titre. Trois axes se dégagent :

1 : Une politique consensuelle de l’Union européenne (UE)

L’extension des syndromes de décomposition de nos sociétés à l’ensemble de l’UE témoigne d’une politique tenace cohérente et consensuelle émanant du Conseil européen et non de surgissements disparates d’épiphénomènes transitoires et accidentels dispersés sur tout son territoire. Politique implantée par la Commission européenne dans tous les pays selon les capacités de chacun, elle traverse les décennies, constante dans sa direction, implacable dans ses exigences, recourant à des sanctions si cela s’avère nécessaire, comme aujourd’hui Ursula von der Leyen contre la rétive Hongrie, et récemment l’Italie. Les innombrables documents que j’ai consultés confirment l’existence d’un axe consensuel dès les années 1970 englobant tous les partis...