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La diabolisation antipopuliste et ses avatars : le cas FN / RN

Après des années de lente dédiabolisation, il a fallu une dissolution de l’Assemblée nationale pour que le Rassemblement national (RN) redevienne aux yeux de certains le parti fasciste de toujours. Que signifie cette rediabolisation éclair ? Analyse de fond d’un vaste jeu de dupes.

DIABOLISATION-18


Dans mon Dictionnaire des idées reçues, je me suis résolu à intégrer ce poncif évocateur : « Extrême droite : avance toujours masquée. » Ce cliché d’usage polémique n’est pas totalement dénué de vérité, même s’il est destiné à susciter de la méfiance et de la défiance envers un adversaire politique stigmatisé pour son « extrémisme » supposé, qu’on peut définir sommairement comme un mélange d’intolérance et de rigidité mentale, de sectarisme et de fanatisme, et surtout d’appel à la violence contre les adversaires ou les opposants perçus comme des ennemis, ce qui implique une hostilité à l’égard de la démocratie libérale-pluraliste.

S’il est situé « à droite », cet adversaire politique se transforme en « ennemi de la démocratie » ou « de la République », ce qui fait de lui un « fasciste », conformément à la rumeur. Les diplomates et les universitaires, depuis quelques années, le stigmatisent d’une façon plus élégante, en le décrivant comme un acteur politique « illibéral », c’est-à-dire comme un démagogue autoritaire voué à pervertir, subvertir ou détruire les institutions des régimes démocratiques. Et, en tant que démagogue, le leader dangereux ne peut qu’être qualifié de « populiste », accusé d’exploiter cyniquement les passions basses des classes populaires. Le dernier visage de l’antifascisme n’est autre que l’antipopulisme. Mais cette posture n’est pas consensuelle, en raison de la réapparition, dans les milieux néo-gauchistes, d’un « populisme de gauche » assumé comme tel. Il convient bien sûr de pointer le fait qu’une telle définition de « l’extrême droite » devrait idéalement s’appliquer aux « extrémismes » de droite comme de gauche, les partisans de la violence en politique se rencontrant chez les révolutionnaires comme chez les contre-révolutionnaires, chez les communistes ou les « antifas » gauchistes comme chez les « fascistes » dénoncés rituellement par les gauches. Mais le mélange de peur plus ou moins irrationnelle et d’indignation vertueuse routinisée qu’on trouve dans l’attitude dite « antifasciste » n’a nul équivalent dans les réactions...

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