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La folle journée de Nantes

Depuis 1995, la ville de Nantes accueille chaque hiver pendant cinq jours ce festival de musique classique d’un genre unique, qui se distingue par l’originalité de sa programmation : une dizaine de concerts sont en effet donnés simultanément dans les différentes salles du Palais des congrès afin de laisser au spectateur la possibilité de faire son propre parcours ; les représentations sont courtes, quarante-cinq minutes chacune, pour éviter de perdre l’attention de l’auditoire.

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C’est ainsi que ce format innovant, imaginé par le directeur artistique René Martin, qui avait à cœur de balayer la réputation d’élitisme propre à la grande musique, conjugué à l’excellence des artistes invités, a permis à la Folle journée de Nantes de se hisser parmi les rendez-vous les plus prisés des mélomanes, tout en accueillant un public populaire.

Cette année, le thème est L’Ode à la nuit. Qu’inspire la nuit aux artistes ? « Souvent il me semble que la nuit est plus vivante et richement colorée que le jour », s’émerveillait Vincent van Gogh. La nuit est propice à la rêverie, aux souvenirs, aux passions, aux songes inquiétants ou enchanteurs. Certaines formes musicales s’inspirent du crépuscule : la sérénade, pièce du XVIIIe siècle libertin que l’on joue à la tombée de la nuit sous le balcon d’une belle pour la séduire. Ou le nocturne, forme qui s’épanouit dans les compositions tourmentées du romantisme, offrant à Frédéric Chopin ses plus grands succès entre 1827 et 1846. La métaphore de la nuit permet aussi à François Couperin de transcrire les souffrances du Christ lors de la Passion dans sa Leçon des ténèbres (1714). Du Songe d’une nuit d’été (1826) de Felix Mendelssohn au Souvenir d’une nuit d’été à Madrid (1848) de Mikhaïl Glinka, le festival explore le talent employé par chaque compositeur pour traduire l’atmosphère du soir en musique. La thématique assez vaste permet d’ouvrir les frontières rarement poreuses d’un festival de musique classique, pour proposer du jazz (avec Round Midnight, composé en 1943 par Thelonious Monk), des musiques traditionnelles – flamenco, fado et râga – et des musiques de film – avec la bande originale de La Nuit américaine de François Truffaut, composée par Georges Delerue en 1973.

Malgré son succès, ce Festival ne peut contrer le rejet ou l’indifférence que suscite la culture...