La France, l’Europe et le nucléaire
LE ROND POINT. Depuis quelque mois, un vent nouveau souffle sur l’Europe de l’énergie. Alors que l’Allemagne menait la danse du renouvelable depuis de nombreuses années, la France semble enfin décidée à défendre sa spécificité nucléaire.
Des années d’une faiblesse naïve et coupable au sein des instances européennes prendraient-elles fin ? Depuis quelques semaines, la France paraît résolue à vouloir défendre ses intérêts énergétiques. Delphine Batho, Ségolène Royal, François de Rugy, Nicolas Hulot et enfin Barbara Pompili… il est vrai que sous François Hollande ou Emmanuel Macron, la multiplication de ministres plus ou moins notoirement opposés au nucléaire au moment de leur nomination à la tête d’un ministère en charge de l’énergie n’a pas aidé à promouvoir l’atome. Mais depuis la nomination, le 20 mai 2022, d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, la voix de la France de l’énergie nucléaire tente à nouveau de peser dans le grand concert de l’UE. Dernière victoire en date de l’Hexagone, celle obtenue lors de la réunion des ambassadeurs des États membres (COREPER) du 16 juin 2023. Petite par le gain, importante pour la symbolique. Les vingt-sept États membres de l’Union européenne ont en effet validé la cible de 42,5 % d’énergie issue des énergies renouvelables d’ici à 2030, tout en précisant, dans cette directive sur les énergies renouvelables (RED), reconnaître que « d’autres sources d’énergie non fossile que les énergies renouvelables contribuent à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050  ».
Certes, le nucléaire n’est pas cité nommément, mais une victoire est obtenue : au grand dam de ses pourfendeurs – Allemagne en tête, secondée par le Luxembourg ou bien l’Autriche – la France de l’atome a obtenu gain de cause sur le nucléaire. Si ce n’est pas le résultat en demi-teinte qui marque ici les esprits (il faudra bien qu’un jour la France obtienne que le mot «  nucléaire  » ne soit plus tabou au sein des directives européennes), c’est surtout la manière. La France n’a pas hésité à entamer un bras de fer institutionnel en bloquant un texte quasiment ficelé et...