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La pomme de discorde migratoire

Entre les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de l’UE, les contradictions et querelles ne manquent pas. Mais un dossier est réputé particulièrement toxique : les politiques migratoires et d’asile. C’est ce qu’a à nouveau confirmé le Conseil européen des 29 et 30 juin derniers.

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Le 8 juin pourtant, les ministres des Vingt-Sept avaient annoncé avoir trouvé un accord sous forme d’un mécanisme qui imposerait aux pays non riverains de la Méditerranée d’accueillir des quotas de réfugiés ou bien de payer des pénalités. La Pologne et la Hongrie, farouchement opposées à ce principe, n’avaient pu empêcher le lancement du processus législatif. Résultat : lors du sommet du 29 juin, les Premiers ministres de ces deux pays bloquaient l’adoption de conclusions communes. Et le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, annonçait un référendum sur cette question dans son propre pays, en même temps que les élections générales prévues cet automne. Depuis les gigantesques vagues migratoires de 2015-2016, les tensions n’ont cessé de croître entre, schématiquement, pays du sud de l’Union européenne en première ligne face à l’arrivée de demandeurs d’asile, et ceux du nord et de l’est, peu enclins à partager la charge des centaines de milliers de personnes fuyant les guerres, la misère, ou les deux.


Contradiction politique


En réalité, les dirigeants politiques et économiques de l’UE sont tiraillés entre deux tendances contradictoires. D’un côté, l’immigration a toujours été recherchée par le patronat comme une manière de faire baisser le prix de la main-d’œuvre nationale en accroissant la concurrence sur le marché du travail ; mais de l’autre, l’arrivée massive de migrants nourrit le vote en faveur de partis classés à l’extrême droite ou « populistes », réputés critiques vis-à-vis de l’intégration européenne. En septembre 2020, la Commission présentait une proposition de Pacte sur l’immigration et l’asile, ne comportant pas moins de onze gros dossiers. Le compromis du 8 juin porte sur deux d’entre eux parmi les plus sensibles : les procédures d’admission des demandeurs d’asile et la gestion de l’accueil de ces derniers. Le principe découlant du règlement dit de Dublin III (établi en 2013) reste en vigueur :...