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L'art de guillotiner les pauvres

Le populicide n'a pas attendu les Gilets jaunes pour faire figure de dogme pour nos "élites" ; c'est là une vieille tradition héritée de la parenthèse révolutionnaire, rappelle Michel Onfray, qui invite à se replonger dans l'histoire de France.

/2022/09/10_Guillotine


L’histoire de France n’existe que par ceux qui la font, bien sûr, mais ceux qui la font sont surtout ceux qui l’écrivent, beaucoup plus que ceux qui versent leur sang, combattent, subissent les affres des guerres, civiles ou militaires, vivent courbés sous le joug des rois et des Présidents, des empereurs et des dictateurs.

Ce ne sont donc pas les masses qui font l’Histoire, ni les hommes ni les peuples, mais les historiens, à savoir : des humains avec leurs faiblesses, leurs goûts et leurs dégoûts, leurs passions et leurs croyances, leurs idéologies et leurs religions, leurs sensibilités politiques et leurs engagements militants. Aucune épistémologie de l’histoire ne la fondra jamais comme science : elle restera une affaire d’écriture, c’est-à-dire une science humaine, à savoir le contraire d’une science.

Ainsi, avec la Révolution française qui procède moins d’historiens intellectuellement immaculés que d’écrivains de droite ou de gauche, de chrétiens ou d’athées, de monarchistes ou de républicains, de socialistes, de communistes ou de radicaux-socialistes, de marxistes-léninistes, de trotskystes, d’anarchistes ou de libéraux, ils aiment Robespierre ou Danton, ils défendent Louis XVI ou Philippe Égalité, les uns en pincent pour Olympe de Gouge, les autres pour Charrette. Mais aucun n’est neutre et le pire d’entre eux est celui qui prétend l’être.

J’ai entre les mains le Premier Livre d’histoire de France publié en 1949 et destiné aux élèves du cours élémentaire et classes de 10e et 9e, soit des enfants du cours élémentaire première et deuxième années qui ont entre sept et huit ans. Les deux auteurs sont un inspecteur d’Académie agrégé d’histoire, J. Fuster, et un instituteur directeur d’école d’application, A. Lebrun. Le tout est préfacé par Albert Bayet, normalien, agrégé, docteur, professeur à la Sorbonne et à l’École pratique des hautes études. Ce radical-socialiste, membre de la Ligue des droits de l’homme...