Le cas d'école de la GPA à la télévision
Grâce à de puissants relais médiatiques, les partisans de la gestation pour autrui (GPA) bénéficient d’une publicité extrêmement favorable à la télévision. Une propagande d’autant plus efficace qu’elle est déguisée en journalisme.
« Il faut peindre bien le médiocre ». Dans l’opuscule qu’il publie en 1996 « Sur la télévision », le sociologue Pierre Bourdieu cite Gustave Flaubert, chantre de la sublimation du vrai, pour mettre en garde contre la fabrique télévisuelle du faux. Il dénonce : la « mentalité Audimat », le sensationnalisme, la surenchère, la dramatisation. Avec la « télé », c’est un mirage qui surgit. La télévision est une fenêtre sur le néant, duquel naissent des effets pourtant bien réels. Nous en ferons ici la démonstration à l’aune de l’exemple de la GPA et la manière de certains grands médias de masse de peindre bien la médiocre gestation pour autrui. Précision d’usage s’il en faut : en France, la pratique des mères porteuses est interdite. Dès 1991, la Cour de cassation consacre l’indisponibilité du corps humain, et la loi bioéthique de 1994 dispose dans l’article 16-7 du code civil : « Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle. » La pratique est passible de 7 500 euros d’amende et six mois d’emprisonnement.
Plusieurs groupes audiovisuels semblent pourtant en avoir décidé autrement. C’est le cas de TF1 par exemple, qui a médiatisé sans ambiguïté et à plusieurs reprises sa position en faveur de la pratique. Le groupe France Télévisions, sans prendre position officiellement, multiplie quant à lui depuis plusieurs années reportages, documentaires et émissions en tout genre, laissant peu de place à quelque prévention que ce soit. Pourquoi ? Comment ? Revenons à Bourdieu, qui décrit au scalpel la mécanique à l’œuvre dans laquelle censures politiques et économiques viennent s’enchâsser pour exercer « une forme particulièrement pernicieuse de violence symbolique ».
Alors, pourquoi ? Lisons Pierre Bourdieu : « Le degré d’autonomie d’un organe de diffusion se mesure sans doute à la part de ses recettes qui proviennent de la publicité et de l’aide de l’État (sous forme de publicité et...