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Le citoyen et la guerre dans l'Antiquité

Pour l’homme, la guerre semble avoir toujours été une réponse possible. Aussi loin que porte le regard de l’historien, on trouve du sang et des larmes. Si le fait guerrier est millénaire, ses manifestations diffèrent en revanche selon les périodes. Et si la modernité a ses propres lois, la leçon des Anciens est souvent riche d’enseignements.

/2023/06/33_antiq


Écartons d’emblée toute ambiguïté : une analogie trop étroite entre la guerre dans l’Antiquité et à l’époque moderne ne saurait être, dans les faits, qu’une approximation. Deux chiffres le prouveront : on compte dans L’Iliade, le premier poème grec connu qui fait le récit de quelque six journées de la guerre de Troie qui dura dix ans, une petite cinquantaine de morts côté grec et 150 côté troyen. Même rapportée aux dix années de la guerre qui fut essentiellement un siège, aucune comparaison ne peut être faite avec les 20 millions de victimes de la Première Guerre mondiale. Mais qu’en est-il du côté des représentations mentales des anciens Grecs et Romains par rapport aux nôtres aujourd’hui ? La guerre et la conscience tragique des Anciens qu’elle forgeait et déterminait étaient un phénomène constant, omniprésent dans les consciences, ce qui, pour nous, paraît fort étrange et lointain, malgré les conflits en cours sur le sol européen.


La gloire héroïque, laurier grec


Une première différence, essentielle, entre les Anciens et nous, relève des croyances religieuses. Le guerrier grec dans les épopées homériques recherche dans le combat l’occasion d’une « belle mort », celle qui procure la gloire (kléos en grec) et, à travers elle, l’immortalité. Achille, au moment où il hésite, par dépit amoureux, à abandonner les Grecs, le dit à Ulysse sous forme d’un dilemme : s’il renonce à la guerre et retourne dans sa patrie, sa vie sera longue et agréable, mais « c’en sera fait, pour lui, de la noble gloire » ; à l’inverse, s’il décide de rester combattre devant Troie, « c’en sera fait pour lui du retour mais sa gloire sera immortelle1 ». De fait, après sa mort, nous retrouverons Achille parcourant à grandes enjambées les prairies d’asphodèles aux Champs-Élysées. Pour les Grecs, si l’on en croit une anecdote rapportée par Hérodote, la mort la plus belle...