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Le couple franco-allemand fait chambre à part

Le « report » du Conseil des ministres commun entre la France et l’Allemagne, qui devait se dérouler le 26 octobre, a fait l’effet d’une petite bombe. Les tensions au sein du couple franco-allemand sont certes récurrentes ces dernières décennies, mais il est très rare que les deux capitales affichent aussi ostensiblement leurs contradictions. A fortiori en annonçant l’ajournement la veille d’un Conseil européen, qui s’est tenu les 20 et 21 octobre. Les querelles se font jour dans le contexte de remontée des bisbilles au sein de l’Union européenne.

/2022/12/14_Couple


Entre le Président français et le chancelier allemand, les sujets de friction sont nombreux. Mais deux domaines clés concentrent les rancœurs. Le premier a trait à la défense. Dans la foulée de l’entrée des chars russes en Ukraine, en février dernier, Olaf Scholz pointait un « changement d’époque » et annonçait un renforcement de son armée, moyennant un financement pluriannuel de 100 milliards d’euros pour ce faire.

Emmanuel Macron escomptait le relancement des programmes communs d’armement entre les deux pays, comme le SCAF (l’avion de chasse du futur et son environnement hyper-sophistiqué) et la prochaine génération de chars de combat, mais ces projets sont pour l’heure embourbés.

Il est vite apparu que l’Allemagne s’orientait en réalité vers l’achat à court terme de matériels et d’armements américains. Pire : Berlin confirmait sa participation au projet de bouclier antimissile auquel sont associés quatorze pays de l’OTAN mais pas la France, qui a son propre programme.

L’énergie constitue le second domaine des contentieux, un thème qui figure justement parmi ceux sur lesquels les 27 peinent à se mettre d’accord. Le bras de fer porte en particulier sur le plafonnement du prix du gaz importé. La France fait partie de la quinzaine d’États membres qui militent en ce sens. L’Allemagne s’y oppose.

Les deux camps divergent sur la manière de faire face à la flambée du prix de l’énergie, en particulier du gaz. Les ménages ont vu leurs factures s’envoler. Des centaines de milliers de petites, voire de moyennes entreprises, sont menacées de devoir mettre la clé sous la porte ; quant aux grands groupes, nombreux sont ceux qui préparent des délocalisations hors UE. Car cette dernière, à la différence des États-Unis ou de pays asiatiques, est particulièrement dépendante du gaz russe : elle se trouve donc la plus exposée aux cours qui s’envolent. Ces hausses sont dues...