Le Parti socialiste a-t-il jamais été de gauche ?
Pour Régis de Castelnau, le parti de Léon Blum, Guy Mollet, François Mitterrand, Lionel Jospin et François Hollande a systématiquement tourné le dos, une fois parvenu au pouvoir, à ses idéaux de gauche.
La question du clivage politique entre la droite et gauche est une auberge espagnole où chacun vient avec ses objectifs, ses préjugés et ses arrière-pensées. Le concept recouvre des réalités complètement différentes en fonction du lieu où il est énoncé. Ainsi, personne, à La France insoumise, ne songera à classer Manuel Valls à gauche, quand plus d'un électeur de François Fillon n’hésitera pas à coller cette étiquette sur l'ancien Premier ministre de François Hollande. Et même si l’on peut penser avec le politologue Jérôme Sainte-Marie que le prisme de la droite et de la gauche n’est désormais plus opératoire, force est de constater qu’il a la vie dure. Emmanuel Macron a beau se poser en chantre du « en même temps », ses partisans se sont organisés au sein même de son parti en tendances. Et que dire de l’incontestable succès d’Éric Zemmour dans les sondages, si ce n’est qu’il s’agit d’une résurgence de « l’union des droites » qui permit à Nicolas Sarkozy de rentrer à l’Élysée en 2007 ?
Il ne sera pas question ici d’une approche scientifique ou objective, mais plutôt d’analyser comment le Parti socialiste a utilisé le concept de « parti de gauche » depuis maintenant un siècle.
Le Parti socialiste dont il sera question est celui né de la scission du congrès de Tours en décembre 1920, qui gardera le nom de SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) jusqu’en 1972 où il prendra le nom de Parti socialiste au congrès d’Épinay.
La SFIO a été créée en 1905 sous l’impulsion de Jean Jaurès, avec la fusion de cinq partis du mouvement ouvrier. Elle fut surtout un parti d’élus qui choisirent le 2 août 1914, au lendemain de l’assassinat de Jaurès, la voie de l’Union sacrée en rentrant au gouvernement et en votant les crédits de guerre. Très minoritaire au départ au...