Quelques livres
Au menu : une Histoire de la nation française d'Éric Anceau, Situer le fascisme de Fabrice Bouthillon, et La menace néo-conservatrice de Rodolphe Cart.
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Histoire de la nation française, Éric Anceau, éd. Tallandier
Chacun conviendra que la nation française est aujourd’hui mal en point. Regarder en arrière est peut-être plus que jamais une nécessité, pour ne pas trop naviguer à l’aveugle dans les temps d’épreuve.
On le sait, en France, l’État est plus vieux que la nation. C’est lui qui a patiemment modulé les générations pour transformer une population en peuple conscient de lui-même. Des siècles de monarchie à l’épopée républicaine, tout ne s’est certes pas fait dans la joie et la bonne humeur. Le sentiment d’appartenance commune a mis de longs siècles à se sédimenter. Dès l’origine, la France s’affronte avec elle-même pour savoir d’où elle vient. Encore sous la Révolution, le tiers état revendique des origines gauloises, tandis que la noblesse défend son ascendance franque. Les Gaulois l’emportent au XIXe siècle. C’est aussi à cette époque que la conception française de la nation s’impose. Les Allemands ont annexé l’Alsace-Moselle en 1871 au nom de la langue et de la race. Les historiens français de l’époque répondent que ni la race ni la langue ne fondent une nation. Ainsi Fustel de Coulanges : « Les hommes sentent dans leur cœur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. » On a parfois exagérément absolutisé les positions françaises et allemandes. La conception civique de la nation n’évacue pas totalement l’ethnicité, mais il est certain qu’elle ne saurait s’y réduire mécaniquement comme dans la rhétorique allemande.
Tout recommence toujours
On pourrait penser qu’un des plus vieux États-nations du monde comme la France aurait eu le temps de digérer son histoire. Dans les faits, un millénaire d’histoire, c’est autant de raison de se réunir que de se déchirer. C’est ce que montre brillamment Éric Anceau dans cette longue méditation, fil d’Ariane...