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Le peuple et les institutions : le principe de médiation

Le peuple contre les institutions ? Les institutions contre le peuple ? Vision binaire et simpliste. Jacques Sapir nous rappelle que l’histoire des sociétés est aussi et surtout celle de l’engendrement réciproque du peuple et des institutions, l’un par l’autre. Qu’est-ce que ça change ? À peu près tout.

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Le rapport du peuple aux institutions est souvent présenté de manière binaire : soit le peuple serait la source des institutions, celles-ci étant subordonnées à sa volonté – que l’on se rappelle ainsi le vieil adage romain « vox populi, vox dei » –, soit le peuple serait encadré, voire contraint par les institutions, et sa volonté devrait se conformer au cadre qu’elles définissent, comme un torrent doit se couler dans un lit bien canalisé. Ces deux perspectives délimitent l’espace politique, allant du populisme le plus outrancier à une conception rigide de l’État de droit. Cependant, elles posent un problème théorique majeur : elles envisagent le peuple et les institutions comme des entités séparées, capables d’exister de manière indépendante. Un autre inconvénient réside dans l’idée que toute institution serait nécessairement juridique. Pourtant, la relation entre le peuple et les institutions, ainsi que la nature même de ces dernières, est infiniment plus complexe, et ces simplifications sont des caricatures. Un peu d’histoire – romaine naturellement (1) – permet de s’en convaincre.


Sans peuple, pas d'institutions ; sans institutions, pas de peuple


Remontons un peu le temps, mais non sans nous poser une question : comment se fait-il que nous déclinions toujours le passé au présent ? Les références, tant aux termes qu’aux notions issues du monde romain, sont multiples et constantes dans la vie politique. Cela renvoie à notre culture, et particulièrement à notre culture politique, qui nous conduit à prendre fréquemment les institutions romaines – souvent idéalisées – comme modèle. Ce n’est pourtant pas sans risque d’anachronisme, ce que l’on cherchera à éviter. Ces déclinaisons contemporaines sont-elles au moins fidèles à ce que ces notions pouvaient représenter dans le monde romain ? Voilà qui pose la question du contenu réel de ces représentations. Car on peut douter qu’une représentation unique de ces notions ait existé à Rome. Celles-ci...

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