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Le piège mental des fake news et des « vraies informations »

La lutte contre les fake news est devenue une priorité de nos gouvernants. Face aux inepties déversées sur les réseaux sociaux ou dans la presse alternative, se dressent les chevaliers blancs de la grande presse autorisée, toujours soucieux, paraît-il, de vérifier la validité de leurs informations. La chasse aux fausses nouvelles est lancée, comme on s’en prenait jadis aux sorcières. Pourtant, les « vérités » de la grande presse, dans leur collusion avec les intérêts des puissants, ne sont-elles pas elles aussi des armes idéologiques, qui servent en l’occurrence l’agenda politique de l’État profond ? La bien-pensance médiatique prédéfinit ainsi le champ des bonnes décisions démocratiques et des mauvaises, afin de façonner subrepticement l’opinion.

/2020/09/riocreux copie


C’est un axiome fondamental de la logique qu’une proposition ne peut être vraie en même temps que son contraire. Une assertion est valide ou ne l’est pas  : voilà qui paraît clair et incontestable. Si on formule de bonne foi un affirmation fausse, on se trompe. Si on l’affirme en pleine conscience, dans le dessein de tromper, on ment. Sur la base de telles considérations, difficile de ne pas recevoir les mises en garde terriblement anxiogènes contre la prolifération des fake news comme légitimes, et les protestations de rigueur professionnelle déployées par les médias d’autorité comme parfaitement compréhensibles. Il y aurait d’un côté des médias soucieux de bien faire leur travail en restituant les faits dans leur vérité (quitte à publier des rectificatifs en cas d’erreur), de l’autre des réseaux sociaux relayant des informations non vérifiées et parfois totalement fantaisistes, mais aussi des médias dits alternatifs, proliférant essentiellement sur l’internet et diffusant sciemment et sans scrupules des informations fausses dans le but de servir une thèse, voire une stratégie politique, ou dans celui de nuire. Mais est-ce si simple que cela  ?

L’IMPOSTURE DE L’INFORMATION

Le domaine du discours médiatique, qui semble pourtant tellement concret et en prise directe avec la réalité du monde, nous fait oublier ce qu’il ne faudrait jamais perdre de vue  : l’actualité n’existe pas. Elle est une construction du discours résultant d’une succession de choix inconscients ou concertés qui interviennent en trois étapes  : la sélection, la hiérarchisation et la mise en mots.

Pour évaluer la qualité d’une information, on ne saurait se limiter à déterminer son degré d’adéquation au réel ; car l’information ne se contente pas de décrire ce qui est. Elle constitue un discours dont les modalités dépassent le strict domaine du vrai et du faux et investissent largement celui du bien...