L’Histoire des paysans français (2016), d’Éric Alary, éd. Perrin, coll. Tempus, 2019

Cette somme, fruit de plusieurs années de travail, est signée de l’historien Éric Alary (né en 1969), professeur en classes préparatoires. Avant tout spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation, il avait déjà écrit, une quinzaine d’années auparavant chez le même éditeur, une autre monographie thématique : L’Histoire de la gendarmerie.

Le titre donne l’impression trompeuse d’une histoire sur la longue durée mais, en fait, l’auteur, spécialiste d’histoire contemporaine, se concentre sur le XXe siècle : nous suivons l’histoire des paysans français de la Belle Époque jusqu’aux années 2010. Le livre montre que contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les paysans ne vivent pas en autarcie dans un monde en vase clos, même si leur « quotidien immuable » a pu donner l’impression à certaines époques d’une coupure avec la modernité et les évolutions de la société. Éric Alary met au contraire en avant le fait que les paysans n’échappent pas aux soubresauts et aux crises de l’Histoire : ainsi, au moment de la Première Guerre mondiale, la majorité des soldats mobilisés au front sont issus du monde rural ; et l’on voit par exemple que le monde paysan, traditionnellement conservateur, sait s’adapter : les femmes remplacent leur mari parti combattre.

Après la mise en place des coopératives agricoles durant l’entre-deux-guerres, la période 1945-1975 s’ouvre, dans un cadre de prospérité générale, sur un certain nombre de perspectives comme la Politique agricole commune (PAC) à l’échelle européenne dans les années 1960, mais cette séquence sera aussi le début de la fin : « Les Trente Glorieuses, années pleines d’espoirs pour les paysans des années 1950 et de la première moitié des années 1960, s’achèveront sur un malaise quasi général, notamment chez les éleveurs et les viticulteurs. Les années 1970 seront celles de nouvelles violences paysannes. »

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