Les Formes élémentaires de la pauvreté de Serge Paugam, éd. PUF, coll. Le Lien social, 2013

Qu’est-ce que la pauvreté ? Comment la définir ? Dans cet ouvrage, Serge Paugam (né en 1960) commence par rappeler les trois principales approches. D’abord l’approche monétariste, qui est la plus répandue : la norme reconnue, en France et en Europe, est le seuil de 50 ou de 60% du revenu médian. Ensuite, l’approche subjective : c’est l’opinion des personnes interrogées et leur ressenti qui priment. Enfin, l’approche selon les conditions de vie : c’est davantage le cumul de handicaps qui caractérise la pauvreté que le manque matériel au sens strict.

Cela étant posé, la sociologie de la pauvreté, nous dit l’auteur, ne peut pas se réduire à une approche uniquement descriptive et quantitative. Le concept même de « seuil de pauvreté », par exemple, pose problème car il revêt une part d’arbitraire. En 2001, en France, au seuil de 50% du revenu médian, la population compte 6% de pauvres. Mais si l’on passe à 60%, ce chiffre double (12,4%). Pour le sociologue, ce qui va définir la pauvreté, c’est avant tout un mode d’interaction avec la société qui se caractérise par la disqualification sociale (dépendance, fragilité, marginalité). La pauvreté est moins un état qu’un processus, caractérisant des populations parfois hétérogènes qui en viennent à cumuler progressivement diverses difficultés.

Les « formes élémentaires de la pauvreté », qui donnent leur titre à l’ouvrage, sont étudiées dans la seconde partie. Pour Paugam, elles sont au nombre de trois : la pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante.

Dans le cas de la pauvreté intégrée, les pauvres ont un niveau de vie bas, mais ils ne sont pas stigmatisés et sont au contraire bien intégrés. Paugam prend pour exemple Madère, où la pauvreté est la plus forte du Portugal (40% des habitants en dessous...