Les quatre dénis de la social-écologie
Chacun à sa manière, le Parti socialiste, La France insoumise et Europe Écologie les Verts prétendent concilier le social et l’écologie. Si ces projets sont louables, David Cayla montre que, faute d’avoir identifié et surmonté quatre contradictions majeures, ils sont illusoires.
Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot sont au moins d’accord sur une chose. Les projets de gauche classiques fondés sur la seule défense des catégories populaires sont désormais insuffisants. Face à l’urgence climatique et aux limites que la nature nous impose, les politiques sociales doivent s’accompagner d’une ambitieuse transformation écologique de notre système productif et de nos modes de vie.
Ce double objectif, social et écologique, se retrouve dans presque tous les discours. Pour défendre sa candidature, Hidalgo prône l’avènement d’une « République sociale et écologique » ; Jadot, de son côté, souhaite que les politiques publiques soient consacrées « au climat, à la justice sociale, à l’égalité femmes-hommes » ; quant à Mélenchon, il ne propose rien de moins que « l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature » par le biais d’une « planification écologique et démocratique ».
Quoi de mieux en effet, pour lancer une campagne électorale d’opposition, que de conjuguer les deux mouvements sociaux les plus emblématiques du quinquennat Macron ? D’un côté les Gilets jaunes, qui ont incarné les angoisses d’une France populaire ; de l’autre le mouvement Rise for Climate, dont Greta Thunberg fut la figure tutélaire, qui exige des gouvernements une action plus forte dans leur lutte contre le changement climatique. « Fin du mois, fin du monde, même combat ! », affirment en chœur les candidats de gauche. Mais la construction d’un véritable mouvement social et écologique est-elle possible ? Peut-on associer de manière convaincante les revendications de deux électorats si différents ? Ce qui est certain, c’est que la jonction entre les manifestations pour le climat et celles des Gilets jaunes ne s’est pas spontanément produite. Les cortèges restèrent distincts et les pancartes étaient loin de raconter la même histoire. La jeunesse urbaine et éduquée qui s’inquiète pour le climat parvient difficilement à se fondre dans la France périphérique qui occupa...