Michel OnfrayEdito

Mai 68 invente la post-vérité – Extinction des Lumières

L'édito de Michel Onfray.

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Né le 1er  janvier 1959, j’ai moins vécu « mai 68 » en direct que je n’ai ensuite connu une formation intellectuelle donnée à l’université de Caen par une poêlée de soixante-huitards, un poison dont l’antidote existait au sein même de l’institut avec deux personnes qui ont compté dans ma vie : on le sait, Lucien Jerphagnon, professeur de philosophie antique et médiévale, et Simone Goyard-Fabre, professeure de philosophie politique et juridique, qui fut la directrice de mes deux travaux universitaires1.

En mai 68, j’étais en cours moyen première année avec une institutrice communiste qui vivait seule, fumait comme un sapeur et militait dans mon village natal pour le communisme du Parti – stalinien quand il l’était, khrouchtchévien quand il le fut. À chaque bulletin d’information, elle allumait un transistor qu’elle avait installé dans la classe et l’écoutait religieusement. Elle éduquait à l’ancienne, elle retournait le chaton de sa bague pour envoyer de mémorables paires de gifles, elle faisait ôter ses lunettes à la petite victime avant le soufflet, elle utilisait un dictionnaire pour taper sur la tête de tel ou tel qui l’énervait. Le communisme à visage humain, ce serait pour plus tard.

Je voyais le général de Gaulle à la télévision, chez mes parents. Mon père mettait la même attention à l’écouter que mon institutrice à suivre les bulletins du service public : il avait connu la guerre, l’Occupation, la Libération dans son village natal qui a été celui de la fin de la bataille de Normandie avec la fermeture de la poche de Falaise-Chambois qu’il a vécue réfugié dans un bâtiment en campagne au beau milieu des combats. De Gaulle c’était donc, pour lui : la Résistance, la Libération, la reconstruction du pays, la création de la Ve République, le président de la France, et celui qui avait rendu son honneur à...

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